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 Mendacium

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MessageSujet: Mendacium   Mendacium EmptyJeu 23 Oct - 19:57

VSS Terra Incognita.
Espace non colonisé d’Oxus.


Le lourd vaisseau scientifique Shankari fendait l’espace à l’aide de son générateur Fulguria ; là où il était, il n’y avait nulle porte susceptible de raccourcir son voyage. Et pour cause, il n’y avait strictement rien. Pas de planète colonisée, pas d’exploitation minière, pas de relais interstellaire, rien que le vide et des planètes désertes. Et pourtant, il était en mission vers une destination bien précise : une planète, encore jamais explorée, mais pourtant source, aux dires de certains, d’un mystérieux signal électromagnétique. Sur la passerelle de commandement du vaisseau, le capitaine observait attentivement son ordre de mission, regardant d’un œil distrait ce qui se passait autour de lui. La passerelle du Terra Incognita ne ressemblait pas à celle d’un navire de taille équivalente servant dans la Marine. Moins de systèmes d’armements, plus de systèmes d’études. A vrai dire, l’architecture entière était différente : Le Terra Incognita n’était pas conçu pour le combat, mais pour l’exploration. Sa structure était plus légère, plus ouverte, moins blindée. Cela se reflétait en autre sur la passerelle : ses lignes simples et effilées contrastaient avec les arrêtes abruptes des cloisons renforcées de celle des croiseurs du Cercle.

« -Capitaine Hagard ! »

Le commandant du vaisseau tourna la tête vers celui qui venait de l’appeler. Le, ou plutôt la docteur Tilly Ketkin, responsable scientifique du Terra Incognita, une scientifique de renom qui avait sous ses ordres une palette incroyable de chercheurs : astrophysiciens, chimistes, exobiologistes, paléontologues, océanographes, botanistes, virologues, géologues et bien d’autres ; bref une armée aussi variée que complémentaire, capable d’analyser n’importe quoi, du plus petit échantillon de caillou ou la plus petite bactérie, à la planète toute entière.

« -Docteur Ketkin, que puis-je pour vous ?
-Dans combien de temps arriverons-nous à destination, capitaine ?
-Comptez encore vingt-trois heures de voyage, docteur.
-Vingt-trois heures ? Avec des portes, on aurait pu traverser Oxus avec ce temps-là.
-Malheureusement, nous n’avons pas de portes, docteur. Et tant que nous n’arriverons pas miniaturiser les générateurs de trous de vers des portes, et à réduire la consommation d’énergie, il faudra se contenter des générateurs à distorsion. Estimez-vous déjà heureux de les avoir.
-Je sais bien capitaine, je sais bien. Je disais ça comme ça. A notre arrivée, j’aimerais pouvoir envoyer des hommes au sol aussi-vite que possible.
-Ça, ça sera à moi d’en décider. Vous dirigez tout votre personnel, je gère les opérations. Je dois d’abord m’assurer que vous pouvez descendre en toute sécurité.
-Bien entendu. Une idée du temps que cela prendra ?
-Ça dépendra. »

Faire cohabiter un scientifique et un militaire n’était pas toujours chose aisée, surtout quand on savait ce que la Marine pensait des « blouses blanches » du département recherche et développement de l’Amirauté. Pourtant, malgré les apparences, Hagard et Ketkin formaient un duo extrêmement efficace, après bientôt un an de travail commun. Les deux avaient des années d’expériences dans leurs domaines respectifs. La docteur Ketkin disposait du plus haut diplôme scientifique décerné au sein du Cercle, elle était passée par les plus grandes entreprises, la Marine, les centres d’études du Cercle, avant de se voir nommer directrice des missions d’explorations du Cercle. Cela incluait celles du VSS Infinity, bien qu’à bord, ce fût le directeur adjoint qui supervisait cela. De son côté, Hagard était un pur produit de la Marine. Passé par les écoles d’officiers, ayant rapidement gravi les échelons, jusqu’à devenir capitaine de vaisseau. Seulement, un jour, un accident dans un vaisseau le blessa gravement à la jambe, le privant de son rôle au sein de la flotte de guerre. Néanmoins, officier brillant, il a su trouver sa place à l’Amirauté, au sein du commandement des opérations spatiales. Désireux de reprendre du service à bord d’un vaisseau avant de devenir un des officiers généraux de la Marine, il fut affecté au Terra Incognita, fleuron de l’exploration Shankari.

« -Toujours est-il que nous nous revoyons dans douze heures pour la réunion, docteur.
-J’y serai, capitaine. »

La Shankar prit congé, et redescendit via l’ascenseur le plus proche aux niveaux scientifiques. De là, elle prit l’une des petites navettes à sustentation magnétique qui parcouraient le vaisseau, pour se rendre à son lieu de travail. Le Terra Incognita mesurait cinq kilomètres et six cent mètres de long, aussi ne fallait-il pas penser le traverser à pied, à moins d’avoir tout son temps. Aussi des lignes de navettes parcouraient la coque sur tous les ponts, afin de transporter Shankars et matériel d’un bout à l’autre du navire en un minimum de temps. Pour Hagard, la situation était un peu différente, puisque sa cabine, la salle de conférence, la passerelle de commandement, le mess des officiers et les autres lieux où il passait la majorité de son temps étaient à peu près à la verticale, répartis sur plusieurs ponts. Une caractéristique des vaisseaux de guerre, qui voulait que la capitaine puisse rejoindre les points stratégiques de commandement du vaisseau en un minimum de temps. Hors, le Terra Incognita sortait des chantiers de la Marine… Douze heures plus tard, comme prévu, les différents responsables du Terra Incognita se tenaient dans la salle de conférence du vaisseau, autour d’une large table ovale. On retrouvait donc Hagard et Ketkin, mais aussi le commandant de la section des fusiliers, les responsables opérations du vaisseau, ainsi que les chefs d’équipes scientifiques.

« -Très bien, commença Hagard, je pense que la réunion devrait se faire assez vite. Chacun ici connait son rôle. Comme d’habitude, la première partie du boulot concernera l’équipage de ce vaisseau. On s’assure que les alentours sont sécurisés, relevés de position, scans des environs, contact avec Dilawa, enfin bref le protocole habituel. Deuxième étape, docteur ?
-En effet. Une fois que nous avons le feu vert, je veux une analyse complète de la planète depuis l’orbite. Capitaine, vous pourrez nous mettre en orbite et nous en faire faire le tour ?
-Sans problèmes.
-Dans ce cas, je veux la totale, cartographie terrestre et océanique, topographie, analyse de l’atmosphère, Premières estimation sur la faune et flore.
-Après ça, troisième étape. Commandant, je veux que vos fusiliers se tiennent prêts. Cuirasse étanche, et armes chargées. Vous descendez les premiers, vous sécurisez une zone pour le personnel du docteur Ketkin. Vous aurez l’appui du vaisseau si besoin.
-A vos ordres, capitaine.
-Enfin, on fait descendre les équipes scientifiques, également en tenue étanche, tant qu’on a aucune analyse détaillée de la composition de l’atmosphère.
-Docteur, je vous charge de leur rappeler que les fusiliers sont garants de leur sécurité. Si jamais il se passe quelque chose, j’attends d’eux qu’ils obéissent aux fusiliers sans discuter.
-Je ferrai passer le message, capitaine.
-Parfait. Des questions ? Non ? Dans ce cas, je vous conseille d’aller faire les derniers préparatifs. Arrivée dans onze heures, trente-huit minutes. »

Onze heures plus tard, Hagard était sur la passerelle. Un quart d’heure plus tard, Ketkin y montait à son tour. L’horaire d’arrivée approchait, et le personnel naviguant du Terra Incognita préparait la coupure du générateur Fulguria, et le retour du vaisseau dans l’espace conventionnel, à une distance respectable d’un million de kilomètres de la planète ciblée.

« -Émergence, T moins dix minutes. Vecteurs de sortie verrouillés. Vérification des systèmes. Boucliers ?
-Boucliers, ok !
-Propulsion conventionnelle ?
-Propulsion, ok !
-Senseurs ?
-Senseurs, ok !
-Très bien. Émergence confirmée. A tout le vaisseau, émergence confirmée, T moins neuf minutes. Tout le personnel à son poste. »
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MessageSujet: Re: Mendacium   Mendacium EmptyVen 24 Oct - 16:48

VSS Terra Incognita.
Temps avant émergence, quatre minutes.


L’un des avantages des portes stellaires est d’offrir un trajet totalement sécurisé ; le deuxième est d’offrir une arrivée viable. Le Terra Incognita n’allait pas avoir cette chance : il allait sortir de l’espace de distorsion à l’aveugle, sans trop savoir ce qui allait lui arriver. Au milieu du vide, la probabilité qu’il éperonne un navire, un astéroïde ou autre était faible, mais le risque existait. Et en sortant à une vitesse proche de celle de la lumière, le choc pouvait être fatal. A l’émergence, la quasi-totalité de l’énergie du vaisseau était canalisée sur les boucliers, notamment les boucliers de proue, afin de protéger le navire. Si un obstacle se trouvait devant lui, c’était sa meilleure chance de s’en sortir. Classique mesure de précaution,  Hagard et les autres personnes présentes sur la passerelle s’étaient attachés à leur fauteuil, pour éviter d’être éjectés en cas d’impact.

« -Tout le personnel médical à son poste. Paré pour émergence.
-Émergence dans deux minutes. Une minute. Trente secondes. Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un, émergence !»

Le Terra Incognita repassa dans l’espace conventionnel, et réduisit sa vitesse à un centième de celle de la lumière en une fraction de seconde. Tous les senseurs furent dirigés sur la trajectoire du vaisseau, pour s’assurer qu’il n’allait rencontrer quelque chose d’autre. Devant le vaisseau, il n’y avait rien d’autre que le vide, pas la moindre trace d’une quelconque planète.

« -Trajectoire dégagée, capitaine.
-Très bien. Visiblement, nous sommes allés un peu trop loin… Faîtes pivoter le vaisseau face à la planète, et affichez-moi une image sur les écrans.
-A vos ordres, capitaine, un instant. »

Le Terra Incognita commença lentement à pivoter sur lui-même, pour aligner la passerelle avec la planète. Pendant ce temps, l’officier en charge des senseurs pianotait sur sa console, avant d’activer son oreillette pour établir la liaison avec la salle de contrôle des systèmes d’observations.

« -Lieutenant, j’attends l’image…
-Un instant capitaine… Senseurs, vous pouvez me confirmer ça ? Très bien, une défaillance générale ?
-Lieutenant ?
-Ouvrez les sabords, confirmez au visuel. Capitaine, on doit avoir une défaillance générale des senseurs optiques.
-Pardon ?
-Pas de visuel sur la planète avec les senseurs. On cherche d’où vient le problème, en attendant on pivote à vue. Senseurs ? Comment ça ? Vous êtes sûrs ? C’est quoi ce bordel ?
-Lieutenant, il se passe quoi ?
-Capitaine, aucun visuel sur la planète.
-Comment ça, aucun visuel ? Repérer une planète ça doit pas être compliqué, non ?
-Affirmatif mais… Personne ne la voit. Les senseurs optiques fonctionnent normalement, on a un visuel sur Oxus, et les planètes référencées les plus proches.
-Attendez, il doit y avoir une planète à ces coordonnées ! Navigation ?
-On y travaille déjà, capitaine. Position absolue dans l’espace d’Oxus confirmée. Position relative par rapport au repère Dilawa-Luuguth-Irinat confirmée. On a bien émergé aux coordonnées indiquées, capitaine.
-Mais bordel, c’est quoi cette histoire ? Docteur Ketkin, vous êtes sûre de l’emplacement de cette planète ?
-Affirmatif capitaine, on a vérifié des dizaines de fois, on a triangulé la position depuis plusieurs planètes du Cercle pour s’en assurer. Elle doit être là, il ne peut pas en être autrement !
-Sauf que là, il n’y a rien ! Senseurs ?
-Toujours rien sur le spectre optique, capitaine !
-Alors vous attendez quoi ? Je veux un scan total des environs !
-A vos ordres capitaine, de suite ! Rien au thermique. Pas d’échos radar.
-Et bien passez le reste du spectre électromagnétique !
-On y travaille ! Rien aux ondes radios… Rien sur les IR… UV, négatif. Bande rayons X vierge. Idem pour les rayons gamma. Désolé capitaine, mais il n’y a strictement rien !
-On est sûr de la position du navire ?
-Affirmatif capitaine !
-Et de celle de cette planète ?
-Certain, capitaine.
-Alors pourquoi elle n’est pas là ?
-On aimerait bien pouvoir vous le dire, capitaine !
-Vous êtes sûr que les senseurs sont opérationnels ?
-Capitaine, d’ici, on peut vous avoir le spectre d’émission d’Oxus ! La composition de l’atmosphère de Dilawa si vous le désirez, tout fonctionne !
-Ok, très bien lieutenant. Bon, partons du principe que cette planète est là. On peut cacher beaucoup de choses… Mais… Lieutenant, analyse gravimétrique des environs !
-Une analyse gravimétrique ?
-S’il y a bien une chose que l’on ne peut pas cacher, c’est sa masse. On peut stopper toutes les émissions, rendre l’objet furtif, mais sa masse, elle est forcément là.
-A vos ordres, capitaine, on y travaille. Cela va prendre un peu de temps.
-Combien ?
-Comptez dix minutes pour s’assurer du résultat.
-Faîtes. »

L’officier se leva aussitôt, et fonça vers l’ascenseur, pour rejoindre les équipes chargées des senseurs, deux ponts plus bas. Pendant de ce temps, Hagard et Ketkin s’entretenaient, perplexes.

« -Docteur, si cette planète n’est pas là, nous pourrions avoir un problème. Vous êtes sûre de son existence ?
-Des dizaines voir ces centaines de chercheurs l’ont confirmé. On a des tonnes d’enregistrements où elle apparait, jusque sur le spectre visible. Elle doit être là capitaine, il ne peut tout simplement pas en être autrement.
-Dans ce cas, j’espère qu’on aura la confirmation qu’il y a juste une enveloppe capable de la rendre complètement indétectable avec les moyens conventionnels.
-Et dans le cas contraire ?
-Va falloir contacter l’Amirauté, et ils risquent de ne pas apprécier. On ne fait pas apparaitre et disparaitre une planète comme ça ! »

Dix minutes plus tard, l’officier se représentait, nerveux, devant son capitaine et la responsable scientifique. Visiblement, il n’était pas porteur de bonnes nouvelles.

« -Capitaine… On n’a rien. La seule masse présente à des milliards de kilomètres à la ronde, c’est nous.
-Pas de doutes possibles ?
-Aucun.
-Fais chier. Bon. Faîtes sortir les Ombres, qu’elles refassent la totalité des scans, y compris le gravimétrique. Mettez-moi en liaison avec l’Amirauté.
-Salle de conférence ?
-Négatif, ici, simple communication holographique.
-A vos ordres. »

Deux des immenses soutes à vaisseaux du Terra Incognita s’ouvrirent, dévoilant deux frégates de classe Ombre, maintenues à la verticale par d’immenses pinces magnétiques, et prêtes à être larguées. Quand les systèmes magnétiques s’ouvrirent, les frégates quittèrent lentement le vaisseau d’exploration, avant de commencer leurs recherches. Pendant ce temps, sur la passerelle, Hagard et Ketkin discutaient avec le vice-amiral en charge des opérations scientifiques.

« -Capitaine, docteur, quelles sont les nouvelles ?
-Mauvaises, je le crains. Vice-amiral, pouvez-vous confirmer notre position, ainsi que celle de l’objet ?
-Si vous y tenez…. D’après votre balise, vous êtes à un million de kilomètre du corps stellaire, désignation HM-45P.
-Très bien. Vous pouvez confirmer la position du HM-45P ?
-Donnez-moi cinq minutes. »

Le vice-amiral revint avant les cinq minutes, le visage à son tour défait.

« -Commandant, nous n’avons plus de visuel.
-Et merde. Je vous confirme que l’astre a disparu. Spectre EM vierge, idem pour l’optique, le thermique, et même le gravimétrique. Il n’y a rien ici.
-Vous êtes en train de me dire que cette planète a disparu ?
-Ça en a tout l’air, vice-amiral.
-Je dois consigner ça… Et je vais devoir en informer le haut commandement. C’est du jamais vu. Pensez-vous que la planète aurait pu être détruite ?
-On aurait retrouvé des traces de sa présence, ne serait-ce qu’une infime trace de roches ou de gaz. Or, là, il n’y a rien. Absolument rien.
-…
-Pas mieux à dire, vice-amiral.
-Continuez les recherches. Tentez tout ce qui vous passe par la tête. Vous avez champ libre. Commandant, docteur, vous avez dès à présent la totale liberté d’action sur le sujet. Le Terra Incognita est totalement libre de ses mouvements et de ses actes. Je vais faire mettre en alerte une force militaire rapide, destroyers Silencis et frégates Tenebris, pour vous assister en cas de besoin. Capitaine, trouvez-moi cette planète, cette… Cette chose, où qu’elle soit.
-A vos ordres, vice-amiral.
-Bonne chance. Terminé. »


Le vice-amiral coupa brusquement la transmission, laissant les deux responsables devant le projecteur holographique éteint. Ils se regardèrent un court instant, avant de soupirer.

« -Il avait pas l’air content.
-En effet. Mais dans quelle histoire on s’est encore fourré…
-Vous pensez que l’Alliance va être mise au courant ?
-Pas encore. M’es avis que l’Amirauté va pour le moment camoufler l’affaire, et en fonction des résultats, peut-être qu’elle préviendra l’Alliance.
-Capitaine ?
-Oui, lieutenant ?
-Rapport des Ombres. Rien non plus. Chaque vaisseau ne détecte que l’autre Ombre et le Terra Incognita à proximité, y compris en gravimétrique.
-Bon, on peut donc raisonnablement conclure qu’il n’y a rien là.
-Enfin, on ne sait jamais, je peux toujours envoyer des sondes, sans grand espoir… Oui, faisons ça. Lieutenant, envoyez se balader une dizaine de sondes. Faîtes les voler dans tous les sens autour de la position estimée de la planète. Si jamais elles se cognent contre quelque chose… Mais j’ai pas grand espoir.
-Compris. »


Dernière édition par Ombre le Dim 24 Mai - 20:29, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Mendacium   Mendacium EmptyDim 26 Oct - 17:41

VSS Terra Incognita.
Quelque part dans l’espace.


Dans la salle de conférence du Terra Incognita, l’ambiance était tendue. Les mêmes personnes que celles présentes pour la réunion précédant l’émergence étaient là, cherchant vainement un moyen d’expliquer ce qui s’était passé. Hagard se massa les tempes, visiblement excédé.

« -Une dernière fois…. Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer ce qui s’est passé ? Les sondes viennent de rentrer à bord du vaisseau, il n’y a plus rien. Ou tout simplement il n’y a rien, peut-être n’y a-t-il jamais eu quelque chose à cet endroit.
-Capitaine, il y une semaine, il y avait là une planète. C’est irréfutable. On a toutes les preuves possibles et imaginables qui confirment ce fait.
-Sauf que là docteur, il n’y a rien.
-Je sais, et je ne l’explique pas. A vrai dire, je n’avais encore jamais rien vu de semblable. La planète a tout simplement disparu.
-Attendez, on ne fait pas disparaitre une planète comme ça !
-Mais je sais capitaine, que voulez-vous que je vous dise ! Il n’y a rien ! Il n’y a plus rien et je n’ai aucune explication logique ! C’est comme ça et je n’y peux rien !
-Très bien docteur, on se calme. Quelles sont nos options ?
-On peut toujours fouiner dans les environs.
-A proximité, vous voulez dire ? Je pense qu’on a déjà entrepris assez d’actions pour être sûrs que la planète n’est pas là.
-Je ne vous le fais pas dire, en plus des sondes, les Ombres ont tiré des lasers dans tous les sens pour voir s’il n’y avait pas quelque chose. Et comme par hasard, rien.
-Non, je veux dire, plus loin.
-Il n’y rien sur l’orbite.
-Pas sur l’orbite ! Autre part, à proximité.
-Attendez, vous voulez dire que la planète aurait quoi ? Bougée ? Quittée son orbite, comme ça ?
-Pourquoi pas ? Au point où on en est, ça ne serait pas la première chose étrange.
-Un point pour lui.
-Je préconise de rester à l’écoute. Voir si nous captons à nouveau un signal.
-Attendez, j’ai peut-être raté un épisode, mais vous faîtes comment, pour déplacer une planète ?
-Eh bien… Comme on déplace un vaisseau ?
-Vous n’imaginez même pas la quantité d’énergie qu’il faut pour faire translater une flotte entière dans l’espace de distorsion. Alors une planète ? Désolé, mais ça me parait peu crédible.
-A vrai dire capitaine, cela reste pour le moment l’explication la plus plausible…
-Je ne sais pas comment je dois le prendre, ça… Docteur, sur quelles données pouvez-vous travailler ?
-On ne tirera rien des données sur la planète puisque nous n’avons rien pour les confirmer… Le seul élément qu’on a, c’est le signal reçu.
-Vous l’avez étudié ?
-Oui, bien sûr, mais…
-Et qu’avez-vous découvert ?
-Pas grand-chose, si ce n’est qu’il ne correspond pas aux fréquences d’émissions naturelles des corps célestes. On a également un motif se répétant à plusieurs reprises.
-Combien de fois ? Sur combien de temps ?
-Dix fois. Sur dix secondes
-Une fois par seconde ?
-Au millième de seconde prêt, oui.
-Bon écoutez, ce signal est notre seule piste. Docteur, je vous donne deux jours. Mettez toute votre équipe dessus. Découpez ce signal en microsecondes s’il le faut, mais trouvez-moi quelque chose ! C’est le seul indice nous reliant à cette planète.
-Je ne garantis rien, capitaine.
-Si vous voulez poursuivre la mission, vous allez devoir trouver quelque chose. Sinon, le Terra Incognita retourne à son port d’attache. »

Deux jours plus tard, VSS Terra Incognita.
Département d’écoute et analyse électromagnétique.


Ketkin était nerveuse. Depuis presque deux jours, tout son personnel qualifié sur le sujet travaillait sur l’analyse du mystérieux signal radio, mais sans résultats. Les équipes avaient littéralement disséqué le signal, sans en apprendre beaucoup plus. Malgré tout, il s’avérait plus complexe que prévu : de fait, c’était un signal d’une seconde répété dix fois, chaque seconde était divisée en d’infimes pulsations, plus ou moins régulières.

« -Bon, Hagard descend sous peu. On doit trouver quelque chose.
-On a pu affiner encore un peu. On a des groupements de pulsations. Un premier, puis un deuxième, séparés par un silence de deux dixièmes de seconde. Le reste est extrêmement condensé. De zéro à quatre dixième, et de six dixième à une seconde, on a plusieurs dizaines de pulsations. Là-dedans, on a encore un motif de séparation qui revient : chacune des parties est coupée en plusieurs endroits par des pauses de dix centièmes, et à l’intérieur des groupes de pulsations ainsi formés, les pulsations sont séparées de quelques millièmes de secondes.
-Laissez tombez les chiffres… Ce que je veux, c’est savoir ce qu’on peut en tirer.
-Toujours aucune idée. On a essayé toutes les combinaisons possibles, recherché toute possible correspondance avec des éléments basiques binaires, mathématiques, physiques, rien ! On ne peut même pas décrire la structure d’un atome avec ça.
-Et si ce n’était pas relatif à nous ?
-Qu’est-ce que vous voulez dire par là ?
-Si le signal traitait de la planète ?
-Vous pensez à quoi ?
-Je sais pas… Des coordonnées, une date, n’importe quoi.
-Ben voyons.
-Non, attendez… Des coordonnées ? Quel genre ?
-Aucune idée docteur… Ça pourrait par rapport à des étoiles comme par rapport à Oxus… Sauf que là, on a deux groupes, donc n va dire deux coordonnées. Or Oxus est un espace à trois dimensions…
-Attendez… Affichez-moi la planète sur l’écran, dans une carte d’Oxus. Là, regardez !
-Quoi donc ?
-La planète est dans le plan médian. Donc on aurait une coordonnée nulle. Ça pourrait des coordonnées cartésiennes ! Avec Oxus comme centre !
-Oui, sauf qu’on ne sait pas comment orienter les positifs et les négatifs.
-Partons du principe que tout est en positif. Passez le signal, lentement ! »

C’est à cet instant qu’Hagard décida de faire son apparition. Le capitaine du vaisseau d’exploration apparut derrière la porte coulissant du laboratoire, tandis que Ketkin et d’autres chercheurs se penchaient sur un hologramme représentant le cosmos d’Oxus.

« -Maintenant, il faut juste faire le lien.
-Docteur Ketkin ? Vous avez quelque chose ?
-Peut-être capitaine, peut-être !
-Et ?
-On est dessus, donnez-nous juste un peu de temps ! »

L’intonation dans la voix de Ketkin ne laissait aucun doute sur le fait qu’Hagard la dérangeait. Si un officier lui avait répondu de cette manière, Hagard l’aurait déjà envoyé en cour martiale pour outrage à un officier supérieur, mais Ketkin était une civile, et visiblement, elle était sur une piste. Le capitaine se contenta de se tenir à l’écart, observant sans déranger les scientifiques au travail.

« -Et si c’était simplement des nombres ? Du genre, deux pulsations valent deux. Les deux groupes principaux représentent abscisse et ordonnée. Dans chacun des groupes, on a plusieurs coupures qui prédominent: la séparation entre les nombres. Et ensuite, les pulsations nous donnent des coordonnées.
-Attendez, les nombres seraient gigantesques !
-Le cosmos d’Oxus est gigantesque, il faut bien ça pour le décrire. Trouvez-moi ces coordonnées ! »

Ketkin se retourna, et fit quelques pas vers le capitaine du vaisseau.

« -Désolé capitaine. Le stress, l’excitation…
-Ne vous en faîtes pas. Si vous me trouvez quelque chose, vous serez pardonnée. Alors ?
-De simples coordonnées. C’est notre meilleure chance jusque-là.
-Mais les coordonnées de quoi ? Par rapport à quoi ?
-Là, vous en demandez trop, capitaine.
-Docteur, c’est bon !
-Bien. Imaginons que ces cordonnées soient celle de notre mystérieuse planète. Même échelle sur les deux axes. Quel serait l’origine du repère ?
-Un instant… Le centre d’Oxus.
-Ça se tient.
-Vous êtes en train de me dire que je ne sais pas qui ou quoi, capable de déplacer une planète, vous a envoyé de simples coordonnées ?
-Ce n’est qu’une supposition, capitaine, mais pour l’instant, c’est plus crédible. J’ai presque l’impression de retourner en cours élémentaire…
-Je ne vous le fais pas dire. Une suggestion pour la suite ?
-Rester à l’écoute. S’il y a un deuxième signal, il faut qu’on l’intercepte.
-Et si on n’a rien ?
-Alors on n’aura aucune idée d’où peut se trouver la planète.
-Par mesure de précaution, ne faudrait-il pas mettre les senseurs optiques ?
-Ça ne servirait à rien. Si la planète était proche, on va dire moins d’une année lumière, il nous faudrait quand même plusieurs mois avant d’avoir son image. Et je ne pense pas qu’elle va rester longtemps sur place.
-Pourtant, on a bien des images de la première apparition ?
-Oui, ce qui veut dire que concrètement, vu la distance, son voyage s’est passé il y a des milliers d’années.
-La vache.
-Les générateurs de distorsion sont notre meilleure chance de le trouver. Les senseurs ne sont plus limités par la vitesse de la lumière, et on peut se déplacer beaucoup plus vite. On a un avantage indéniable, d’autant plus qu’on devrait être plus proche d’une nouvelle source d’émission. »

Trente-six heures plus tard.

« -Capitaine, on a un signal !
-Hein ?
-Même forme que le précédent !
-Docteur, vous pouvez jeter un œil ?
-Envoyez ! Alors… Oui, je peux avoir des coordonnées !
-Trouvez-les !
-Donnez-moi trente secondes. Voilà, à quelques centaines de parsecs d’ici !
-Très bien. Navigation, envoyez le Terra Incognita là-bas dès que possible !
-A vos ordres, capitaine ! A tout l’équipage, saut imminent, je répète, saut imminent. Tout le personnel concerné à son poste.
-Plus qu’à espérer qu’on trouve quelque chose.
-On s’en rapproche, en tout cas. Docteur, vous ne voulez pas donner un autre nom qu’HM-45P, à cette mystérieuse planète ?
-Pourquoi pas… Mendacium ?
-Ça me va. Lieutenant, entrez ça dans la base de données, et transmettez à l’Amirauté. On part pour Mendacium ! »
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MessageSujet: Re: Mendacium   Mendacium EmptyMar 28 Oct - 21:37

VSS Terra Incognita.
En approche de la position estimée de Mendacium.


« -Encore combien de temps ?
-Onze heures, quarante-huit minutes, capitaine.

Hagard hocha la tête, et se tourna vers le docteur Ketkin assise, non loin de lui. Cette dernière prit une profonde inspiration, avant de souffler lentement.

« -Stressée, docteur ?
-Un peu. Je ne sais pas trop ce qui nous attend là-bas, mais je sais que cela peut être au-delà de notre imagination… Cela peut être meilleur que dans nos rêves les plus fous, mais aussi plus sombre que dans nos pires cauchemars.
-Voilà un discours un peu trop philosophique pour la personne rationnelle que vous êtes, docteur.
-Dans ce genre de cas, où il n’y a rien de concret, on se raccroche à quelque chose. L’espoir.
-Pas faux. Bon, je vais donner les derniers ordres, et j’irai me reposer. Profitez-en pour en faire autant. »

Le capitaine salua les officiers présents, avant de quitter la passerelle de son bâtiment, et prit les ascenseurs pour s’enfoncer dans les profondeurs du Terra Incognita. Après être descendu de plusieurs ponts, il prit une navette, et se rendit dans les quartiers des fusiliers du vaisseau. Il y fut accueilli par le colonel commandant les fusiliers présents à bord, vêtu de l’uniforme noir des fusiliers de la flotte.

« -Colonel.
-Capitaine. Quels sont les ordres ?
-Préparez vos gars. On ne sait toujours pas sur quoi on va tomber.
-Très bien. On doit préparer un largage orbital ?
-Non, je ne pense pas. Navette légère, à la rigueur un saut haute altitude.
-Compris. J’allais faire une visite d’inspection, vous voulez venir ?
-Pourquoi pas. »

Les deux hommes se mirent à marcher, et passèrent devant plusieurs salles. A l’armurerie, douze fusiliers achevaient de nettoyer de lourds fusils d’assaut et autres armes, et remplissaient des chargeurs de balles argentées. L’un des fusiliers vit le commandant pénétrer dans la salle, et brailla aussitôt un ordre.

« -Colonel sur le pont ! »

Les deux douze hommes se mirent au garde à vous, certains avec le fusil plaqué contre la poitrine, n’ayant rien pour le poser à proximité. Le commandant détailla ses troupes, avant de faire quelques pas.

« -Repos, escouade. Capitaine Hagard, voici la nouvelle escouade Alpha. Ceux sont eux qui descendront les premiers. Les meilleurs éléments de ce vaisseau.
-Messieurs. Vous connaissez donc tous les règles pour les fusiliers servant sur le Terra Incognita, ainsi que les ordres relatifs aux chercheurs. Mais là, c’est encore différent. Nous n’avons pas la banque de données habituelle sur la planète cible. Quand vous descendrez, nous n’aurons pas non plus fini d’analyser la totalité des informations récoltées en orbite. Il vous faudra être extrêmement prudent. Mais j’attends que votre discipline de gâchette soit aussi rigoureuse que celle des fusiliers de la Régence. Compris ?
-Oui, capitaine !
-Dans ce cas messieurs, finissez de vous préparer. »

Hagard et le commandant quittèrent la salle, et continuèrent de marcher dans les longs couloirs des quartiers des fusiliers.

« -Avez-vous des renforts de disponible, colonel ?
-Quatre escouades forment une section. Quarante-huit fusiliers. La section Alpha se tiendra prête au besoin. Quatre sections forment un peloton de cent quatre-vingt-douze fusiliers. Si jamais nous devons faire appel à l’un d’eux, alors c’est qu’il y aura un problème.
-Je vous fais confiance pour assurer la sécurité.
-Il n’y aura aucun problème capitaine, soyez-en assuré. Nos blouses blanches seront en sécurité en bas. »

Onze heures plus tard.

L’intercom de la cabine d’Hagard le fit sortir de son sommeil. Le repos était un facteur physiologique extrêmement important pour toute personne servant dans la flotte et passant de longues périodes dans l’espace. A bord, plus de notion de jours ou de nuits, si ce n’était les cadrans affichant l’heure et la couleur de l’éclairage variant dans les dortoirs et cabines du vaisseau. Hagard, après des années, pouvait presque dormir n’importe quand, et pouvait profiter de la moindre minute disponible pour récupérer si le besoin s’en faisait sentir. Il écrasa la commande de l’intercom, à portée depuis son lit.

« -Oui ?
-Capitaine, arrivée dans quarante-cinq minutes.
-Je monte. Rien à signaler ?
-Négatif.
-Très bien. Procédez déjà aux tests des systèmes critiques, vérifiez coordonnées et vecteurs de sortie.
-A vos ordres. »

Le capitaine se leva, et revêtit son uniforme, prenant quelques instants pour l’ajuster impeccablement devant un miroir. Au moment de sortir, il tomba nez à nez avec le chef ingénieur, qui regagnait lui aussi son poste sur la passerelle.

« -Capitaine.
-Chef. Comment ça se présente dans les entrailles de la bête ?
-Normalement. Le Fulguria est prêt pour la sortie, et également à repartir aussitôt si besoin.
-Parfait. Dans tous les cas, je pense que nous resterons sur place au moins quelques heures.
-Compris. On va la trouver, cette planète ?
-Le docteur Ketkin l’espère. A nous de faire en sorte qu’il en soit ainsi. »

Les minutes s’écoulèrent, et le délai avant l’arrivée ne cessait de se réduire. Calé dans son siège, Hagard attendait patiemment, tandis que tout était prêt pour faire sortir le Terra Incognita de l’espace de distorsion. A trois minutes de l’arrivée prévue, le vaisseau repassa brutalement dans l’espace conventionnel. Les amortisseurs inertiels remplirent instantanément leur rôle, empêchant le vaisseau de se transformer en un gigantesque plasma relativiste. Malgré tout, la subite décélération ébranla le vaisseau, et Hagard, Ketkin et les autres personnes qui n’étaient pas fixées à leur fauteuil furent projetées en avant. Les lumières vacillèrent, la ventilation mécanique se coupa et les consoles s’éteignirent, avant que les systèmes de sécurité ne mettent les générateurs de secours en marche. Les écrans se rallumèrent, et aussitôt, une multitude d’alarmes et de messages d’erreurs ou d’alertes apparurent sur les écrans. Sur le haut de la passerelle, Hagard gémit en tentant de se relever. Il avait volé sur trois mètres avant de heurter une rambarde de sécurité de côté, lui déboitant l’épaule. S’aidant de son bras valide, il s’appuya sur la rambarde, et observa le personnel autour de lui, tentant aussi de se remettre debout. Le choc avait été soudain, mais aussi violent ; seuls quelques impacts de plasma de forte puissance faisaient le même effet, et encore. Jamais il n’avait vu pareil choc.

« -Rapport de situation ! »

La réponse tarda à venir, alors que les officiers se remettaient lentement à leur poste, encore sous le choc. A côté d’Hagard, Ketkin s’était relevée. Elle ne semblait pas blessée, et seule sa respiration saccadée traduisait l’était dans lequel elle se trouvait.

« -Docteur ?
-Ça va, merci.
-Rapport de situation !
-Intégrité du vaisseau préservée !
-Boucliers opérationnels !
-Générateurs principaux en reprise de régime !
-Propulsion, j’attends !
-Distorsion coupée d’urgence sans explication, trois minutes avant la sortie prévue ! Générateur temporairement hors service !
-Propulsion conventionnelle opérationnelle !
-Très bien ! Coupez-moi ces alarmes ! A tout le personnel, ici le capitaine Hagard. Nous avons effectué une sortie inattendue de l’espace de distorsion mais le vaisseau est intact. A tout le personnel médical, possibilité de nombreux blessés, je répète, tout le personnel médical est placé en situation d’urgence. »

Le silence fut à nouveau sur la passerelle du Terra Incognita, alors que personne ne comprenait ce qui venait de se passer. Les premières unités médicales arrivèrent en courant sur la passerelle, et Hagard s’aperçut bien vite qu’elles avaient aussi été touchées lors de l’impact, en témoignaient les contusions sur les bras de certains infirmiers. Si la majorité du personnel de la passerelle se relevait, un officier gisait encore au sol, après un rude choc avec une table métallique. Deux infirmiers s’agenouillèrent auprès de lui, et l’évacuèrent rapidement vers l’infirmerie.

« -Capitaine ?
-Ça va, merci, occupez-vous de lui. J’ai juste un peu mal à l’épaule.
-Montrez-ça. Épaule déboitée. Pas trop grave. Au moins, ça sera fait. Attention… »

Le médecin appuya rapidement à plusieurs endroits sur l’épaule douloureuse Hagard, avant de se placer derrière lui. Le geste sec fit grimacer Hagard, mais au moins, son épaule était de nouveau en place. Les officiers de la passerelle, après de longues minutes d’incompréhension, recommençaient à s’activer, essayant de comprendre ce qui venait de se passer.

« -Manœuvres ?
-On a le contrôle du vaisseau capitaine !
-Parfait. Senseurs, on est à portée de la planète ?
-Théoriquement, oui.
-Scan total ! EM, radar, thermique, gravimétrique, je veux savoir si elle est là ! Propulsion, il s’est passé quoi ?
-Aucune idée, capitaine. Il y a eu un problème…
-Sans blague ? Merci de le préciser, je n’avais pas remarqué !
-Désolé. Mais on ne sait pas d’où il vient. Les équipes du générateur sont déjà en train d’éplucher les données, mais il faudra attendre un peu pour connaître l’origine de l’incident.
-Combien de temps ?
-Impossible à dire, capitaine.
-Capitaine ? On a un autre problème.
-Quoi donc ?
-La planète n’est pas là.
-Docteur, vous entendez ça ?
-Oui ! Et je ne sais pas quoi vous dire. »

Les équipes médicales du Terra Incognita mirent plusieurs heures à trouver tous les blessés et à les ramener à l’infirmerie du vaisseau. Quelques-uns d’entre eux étaient dans un état grave mais leur pronostique vital n’était pas engagé et fort heureusement, aucun mort n’était à déplorer. Les équipes du Fulguria travaillaient d’arrache-pied sur les ultimes données transmises par le générateur avant sa coupure, tandis que les équipes des senseurs essayaient, avec bien peu d’espoir, de débusquer la mystérieuse Mendacium aux environs du vaisseau d’exploration…
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MessageSujet: Re: Mendacium   Mendacium EmptyLun 10 Nov - 23:04

VSS Terra Incognita.

Le vaisseau se remettait lentement de sa brutale arrivée près des mystérieuses coordonnées indiquées par le signal. Hagard faisait le tour du vaisseau, et autour de lui, bon nombre d’objets jonchaient encore le sol. Les cuisines du vaisseau étaient sens dessus dessous ; à l’armurerie, les armes étaient bien fixées dans les râteliers, mais d’innombrables balles trainaient au sol ; les soutes et leur contenu solidement attaché étaient presque les seuls endroits du vaisseau présentables, avec les sections scientifiques où tout était toujours rangé dans d’immenses armoires après utilisation. Le capitaine passa par l’infirmerie, ou de nombreux membres de l’équipage étaient encore soignés pour des blessures plus ou moins graves. Le chef de l’équipe médical s’approcha d’Hagard en le voyant approcher.

« -Docteur, quelle est la situation ?
-Vous tombez bien capitaine, j’allais vous envoyer un rapport. Aucun mort. Beaucoup de blessés légers, surtout des contusions, quelques bras ou jambes cassées. En revanche, on a toujours quatre personnes dans un état grave, dont votre officier. La tête en a pris un coup, il est toujours dans le coma.
-Merde.
-Mais je suis optimiste, capitaine, il devrait s’en sortir. Mais si vous me permettez, c’était quoi ça ?
-On ne sait toujours pas, docteur. Mais je n’avais jamais vu ça auparavant. La secousse était plus violente que tout ce que j’ai connu jusqu’à alors. Je dois encore passer voir les ingénieurs du générateur.
-Dans ce cas, je ne vous retiens pas, capitaine. »

Hagard hocha la tête, avant de descendre dans les profondeurs du vaisseau de se diriger vers la poupe du bâtiment, où se trouvait le Fulguria. Depuis des heures, les ingénieurs du vaisseau travaillaient sans relâche, mais Hagard n’avait eu aucune nouvelle.

« -Capitaine Hagard !
-Chef. Avez-vous enfin une explication à me fournir ?
-Plus ou moins, en fait.
-Comment ça, plus ou moins ?
-On a peut-être compris d’où ça venait.
-Et alors ? Allez-y, j’attends.
-On a fait et refait tous les tests possibles et imaginables, et tous ont donné le même résultat : le Fulguria fonctionnait normalement, et le problème ne venait donc pas de lui. Alors on a cherché, on a épluché jusqu’aux calculs de la bulle de distorsion du générateur, et c’est là qu’on pense avoir trouvé ce qui s’est passé. En l’occurrence quand on est tombé sur les données sur la structure même de l’espace.
-En clair, ça veut dire quoi ?
-Le supercalculateur qui eh bien… Calcule la distorsion à appliquer effectue environ une vingtaine de quadrillons d’opérations par seconde. Or, toutes les planètes ou astres ont une incidence sur la structure de l’espace-temps, notamment d’un point de vue gravitationnel, le générateur doit donc contrôler en permanence la distorsion, pour qu’elle reste constante. Dans le cas contraire, il arrive ce qui se vient de se passer, et encore, nous avons eu de la chance.
-Vous voulez dire qu’on est passé à côté d’une masse importante ?
-Surement pas. Le vaisseau est capable de croiser près d’Oxus, là où les déformations sont les plus importantes. Le problème est autre ; en l’occurrence nous sommes passés dans la bulle de dilatation consécutive au passage d’un générateur de distorsion semblable au Fulguria.
-Un autre vaisseau ?
-Possible, mais peu probable, à moins que le vaisseau en question aille vingt fois plus vite que la vitesse maximale que nous pouvons atteindre. La taille de la bulle de dilatation et son facteur de dilatation dépendent directement de la taille et de la vitesse. En supposant que la vitesse est normale, cela veut dire que nous sommes passés derrière un très gros vaisseau. La différence de distorsion, entre notre bulle de compression à l’avant, et la bulle de dilatation à l’arrière du vaisseau inconnu était telle que le générateur n’a pas été capable de la compenser.
-Donc on a soit un vaisseau de grande taille, soit un vaisseau qui va très vite, qui nous a coupé la route ? C’est ça que vous voulez dire ?
-Pour simplifier, c’est ça.
-La taille du vaisseau, ça serait de quel ordre de grandeur ?
-Aucune idée. Mais si vous prenez sa vitesse égale à la nôtre… Comptez en centaines de kilomètres.
-Et avec une vitesse inférieure ?
-Peut-être quelques milliers de kilomètres.
-Merde. Ça ressemble bien à une sorte de lune, ça. Ou à une petite planète. Merci, chef. Enfin du nouveau dans cette histoire de fous. Je vais prévenir Hagard. Le vaisseau est prêt à repartir au besoin ?
-Quand vous voulez, capitaine. Comme je vous disais, le générateur est en parfait état. »

Hagard acquiesça, avant de remonter vers le département scientifique. Trouvant rapidement la responsable scientifique, il lui expliqua rapidement la situation. Hagard resta un instant pensive, avant de se plonger dans la base de données de Mendacium, bien que ce terme était un peu pompeux pour désigner l’ensemble des données récoltées sur l’astre.

« -Ça me semble cohérent.
-C’est-à-dire ?
-Les rares éléments que l’on a nous indiquent un diamètre entre deux et quatre mille kilomètres.
-Donc Mendacium pourrait bien se déplacer…
-Ce qui dépasserait toutes nos connaissances technologies en la matière.
-Déjà que quand un vaisseau dépasse les vingt kilomètres, c’est impressionnant… A part ça, docteur, des problèmes suite à notre arrivée précipitée ?
-Euh… Pas plus gênants que ça. Inévitablement, de la casse dans du matériel de base, que l’on a en stock. Tout le reste est fixé aux tables, elles-mêmes fixées au sol.
-Et votre équipe ?
-Contusions, membres cassés… Rien de plus grave. J’ai cru en revanche comprendre qu’un de vos officiers supérieurs était encore dans un état grave ?
-Malheureusement. Lui, ainsi qu’un technicien, un cuisinier et un artilleur. Mais ils devraient s’en sortir. Du moins je l’espère. Votre équipe est donc opérationnelle ?
-En effet.
-Bien, nos techniciens vont maintenir l’écoute. Soyez prêts. »

Trente-cinq heures plus tard.

Un jour et onze heures à attendre, sans que rien ne se passe. Au moins, l’équipage avait le temps de finir de remettre le Terra Incognita en état. Désormais, plus rien ne trainait à terre. Le nombre d’atèles et autres dispositifs médicaux en cas de fracture -comme de la mousse à expansion solidifiée autour d’une jambe- était bien plus élevé que d’habitude, mais le vaisseau était pleinement opérationnel, tant qu’il n’avait pas à effectuer une manœuvre inédite ou ne devait repousser une attaque de pirates. Soudain, un appel dans les haut-parleurs des coursives retentit, du couloir menant à la passerelle aux entrailles du vaisseau.

« -Capitaine Hagard et Docteur Ketkin sur la passerelle, Capitaine Hagard et Docteur Ketkin sur la passerelle. »

Les deux arrivèrent en même temps, même si Hagard donnait l’impression d’avoir un peu couru. Et pour cause, malgré les navettes, il arrivait de l’autre bout du vaisseau, après être repassé s’assurer de l’état du générateur Fulguria auprès des ingénieurs qui en avait la charge. Ketkin semblait déjà être sur place depuis quelques minutes puisqu’elle était déjà au courant de la situation, et se chargea aussitôt de faire un résumé au capitaine.

« -Pour faire court, on a un signal et de nouvelles coordonnées.
-Combien de temps de voyage ?
-Seulement onze heures.
-On le rattrape ! Saut immédiat ! Et je veux tout le monde paré pour une émergence vingt minutes avant l’horaire estimé ! Pas de blessés cette fois ! »

Une nouvelle fois, le Terra Incognita disparu de l’espace conventionnel, et s’enfonça un peu plus dans les territoires non-colonisés du cosmos d’Oxus. A bord, chacun espérait enfin tomber sur la mystérieuse Mendacium. C’était le troisième saut qu’effectuait le vaisseau dans cette optique, et s’il continuait, ce jeu du chat et de la souris allait vite taper sur les nerfs de l’équipage. Plusieurs heures passèrent inexorablement, routine vide de toute activité. Dès qu’il n’y avait plus de portes, traverser des régions entière d’Oxus prenait du temps, jusqu’à quelques semaines pour traverser le cosmos à l’aide de générateurs à distorsion ou d’autres systèmes de propulsion avancée. Avec la propulsion conventionnelle, cela pouvait prendre des années. Encore une fois, quelques heures avant l’arrivée, Hagard fit un point avec les différents responsables du vaisseau. Pour la troisième fois, il répétait ces ordres, la lassitude se voyait sur son visage.

« -Bon. Encore une fois. Arrivée, confirmation de la présence de Mendacium. Si oui, orbite haute à moyenne, quelques rotations planétaires pour scan total. Fusiliers, premiers au sol. Puis les scientifiques.
-Et si elle n’est de nouveau pas là ?
-Attendre un nouveau signal, voir si on semble rattraper quelque chose. Dans ce cas, on poursuit pour encore quelques sauts. Si on n’arrive à rien où que l’on s’approche trop de la bordure extérieure et des pirates, je donnerai l’ordre de rentrer sur Irinat. »

Un peu plus tard, conformément aux instructions d’Hagard, tous les membres d’équipages étaient attachés à leur fauteuil, pour parer à une éventuelle brutale arrivée. Heureusement, rien ne se passe, et l’officier put mener le compte à rebours avant arrivée jusqu’à son terme. Le Terra Incognita repassa dans l’espace conventionnel de manière normale, et aussitôt, les rapports affluèrent.

« -Trajectoire dégagée !
-Scans ?
-En cours. Capitaine, confirmons présence d’une planète naine à proximité, distance une UA, diamètre 2400 kilomètres.
-Vérifiez qu’elle n’est pas déjà répertoriée dans les bases de données.
-Un instant. Négatif capitaine, aucune correspondance.
-Vitesse du vaisseau ?
-Zéro point un c, capitaine.
-Bon. Approchez-nous à lentement. Distance de sécurité 1 million de kilomètres. Docteur, je pense que nous venons de trouver Mendacium.
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MessageSujet: Re: Mendacium   Mendacium EmptySam 22 Nov - 21:45

Orbite de Mendacium, dans l’heure qui suivit.

Lentement, le Terra Incognita s’était approché de l’orbite de la planète. Personne ne savait vraiment ce qui l’attendait là-bas, surtout après les récents évènements, donc toutes les mesures de précautions avaient été prises. A distance, on avait fait les premières mesures gravimétriques, et les analyses spectrales de l’atmosphère de la planète. Ce dernier, opaque, empêchait les senseurs optiques de voir à travers, ce qui ne facilitait pas les choses pour une mission d’exploration. Cette opacité semblait due à une atmosphère extrêmement dense, majoritairement composé de diazote, de méthane, de dioxyde de carbone, ainsi que de quelques autres gaz. Mendacium restait donc une énigme, mais hors de question pour Hagard d’envoyer du monde au sol sans s’être assuré de ce qu’il allait y trouver. En plus, rien n’indiquait que la planète aurait pu mystérieusement se déplacer. Elle semblait se trouver là, inerte, et aucune déformation de l’espace-temps, autre que celle provoquée par sa simple masse, n’était détectable. De la planète ne venaient aucune onde électromagnétique sortant du naturel. Les senseurs avaient détecté quelques émissions radioactives, indiquant la présence proche de la surface d’un très rare réacteur nucléaire naturel.

« -Capitaine ? Comment procède-t-on ?
-Je ne vais pas envoyer mes hommes en bas sans savoir sur quoi on va tomber. A priori, il ne doit pas y avoir grand-chose d’artificiel, car le spectre électromagnétique est vierge. Pas de radar ou autres systèmes de détection, de communications sans fil… Donc à priori, pas de défenses orbitales planquées là-dessous, attendant de transpercer le vaisseau.
-En effet. Nous sommes en train d’analyser les données gravimétriques, c’est assez surprenant. La masse de cette planète me parait un peu faible mais pour une planète de cette taille, mais elle est presque uniformément répartie… C’est impressionnant. Cela doit être vraiment plat, en dessous, sauf dans cette zone, et dans celle-là. Je pencherai pour une vaste chaine de montagne dans le premier cas, et une dépression dans la deuxième. Peut-être un océan. Sinon, la composition de l’atmosphère est une bonne nouvelle pour d’éventuelles missions au sol.
-Très bien. On va prendre le temps d’envoyer des drones atmosphériques pour cartographier la zone à notre verticale, et après, si on envoi du monde, j’enverrai éventuellement des frégates sur plusieurs autres points, pour à nouveau y larguer des drones.
-Compris. Combien de temps ?
-Comptez quelques heures quand même. »

Un peu plus tard dans la journée, le Terra Incognita se plaçait en orbite géostationnaire, et lâchait deux drones Malefis modifiés. Sur ces derniers, les armes et missiles avaient étés remplacés par des capteurs optiques, électromagnétiques chimiques ou autres, bref, tout ce qu’il fallait pour étudier une planète depuis les airs. Les machines plongèrent vers la surface, tandis que sur le Terra Incognita, on attendait avec impatience le visuel sur la surface.

« -Télémétrie satisfaisante. Approche de l’atmosphère, drone paré pour rentrée atmosphérique. Angle d’attaque à quarante-cinq degrés. »

L’avantage du Malefis était sa silhouette aérodynamique, le rend apte aux vols atmosphériques, ce que les Mortis ne pouvaient pas faire. De plus, ses systèmes de propulsion et le fait qu’il allait rester en vol évitaient de devoir le cabrer avec une assiette négative, ce qui provoquait naturellement un échauffement de la partie inférieur du vaisseau. L’énergie cinétique n’ayant pas besoin d’être transformé en énergie thermique, le Malefis devait fendre l’air en subissant le moins de frottements possibles, pour éviter l’échauffement. Rapidement, les deux drones s’enfoncèrent dans l’atmosphère jaunâtre de la planète.

« -Contact maintenu. Vitesse mach 10, en diminution constante. Altitude deux cent kilomètres. Début de la transmission vidéo. »

L’un des écrans de la passerelle se mit au même moment à retransmettre les images des caméras embarquées, mais on pouvait à peine y distinguer les bords du drone. Une brume jaunâtre dense occupait tout l’écran. Sur vingt kilomètres, on ne pouvait rien distinguer. La haute atmosphère était extrêmement dense, ne laissant passer que bien peu de la lumière d’Oxus. Avec cette composition et cette particularité spectrale, la planète semblait presque taillée pour les Shankars. La vision se découvrit vers quatre-vingt kilomètres, dévoilant une planète plate éclairée sous une lumière jaune pâle.

« -Visuel confirmé. Descente à vingt kilomètres d’altitude.
-Analyse de la composition des couches de l’atmosphère ?
-Atmosphère haute, dioxyde de carbone à quatre-vingt-onze pour cent, méthane à huit pour cent, diazote à zéro point sept, dioxyde de souffre à zéro point zéro un, traces d’autres éléments.
-Très bien, on sait donc de quoi est composée cette partie opaque… Je n’avais jamais vu une telle quantité de souffre. Une inspiration suffirait presque à vous tuer. Atmosphère basse ?
-Quatre-vingt-seize pour cent d’azote. Le reste, un mélange de dioxyde de carbone, dioxygène, hélium, et beaucoup de vapeur d’eau. L’humidité de la planète risque d’être globalement élevée.
-Déjà plus rassurant. Bon, les images. »

Tous les yeux se tournèrent vers les écrans, qui affichaient à présent les images des caméras ventrales des deux drones. Et le résultat était impressionnant.

« -C’est… Une planète morte ? »

Au sol, il n’y avait littéralement rien. La seule végétation semblait être une herbe rase, présente en larges bandes sur un sol noir totalement plat. De temps à autres, sur des promontoires, on pouvait voir quelques lacs d’où coulaient des rivières. Rien ne se détachait de ce sinistre décor. La planète toute entière semblait avoir été aplatie par un immense rouleau compresseur. Aucun signe de faune, aucun vestige d’infrastructure artificielle visible à l’extérieur. Envoyer des hommes sur cette zone ne servirait probablement à rien, puisqu’il n’y avait strictement rien à voir.

« -Je comprends mieux les profils gravimétriques. C’est plat. Plus plat que n’importe quelle planète du cosmos d’Oxus.
-C’en est presque décevant.
-Ça l’est. On est à quelle distance de la dépression ?
-Environ trois mille kilomètres.
-Envoyez-y un drone, ça sera vite fait. Capitaine, j’aimerais envoyer un drone faire le tour de la planète au niveau de son équateur. Quinze mille kilomètres de périmètre, à mach quatre, ça ne va pas être spécialement long. Et le moteur nucléaire ne risque pas de tomber à cours d’énergie.
-Très bien, faites. »

Les deux drones ne séparèrent, l’un partant pour un voyage de trois heures. A  quatre fois la vitesse du son, le second ne mit que trente-six minutes pour rejoindre la zone, et tomba sur un immense océan. Une rapide étude montra que le plancher océanique était lui aussi nivelé. Pendant ce temps, le deuxième drone fendait les airs, commençant à dévoiler une carte partielle de la planète. Hagard décida d’envoyer trois autres drones survoler la surface pour cartographier plus rapidement la planète. Un unique continent occupait près de  quarante pour cent de la planète, entouré par un océan. Ce même continent était bordé au nord par une immense chaine de montagnes rocheuses large de huit-cent kilomètres, qui plongeait dans l’océan d’un côté, et finissait en de longues vallées du côté des terres. S’il y avait quelque chose sur cette planète, cela devait être dissimulé par les flancs entièrement gris. Au-dessus de trois mille mètres d’altitude, il laissait progressivement la place à de la neige, qui ne cessait de s’accumuler jusqu’au point culminant, à plus de douze mille mètres. Particularité de ce dernier, son sommet était une plateforme circulaire de cent mètres de diamètre.

« -Docteur, que comptez-vous faire ?
-J’espère pouvoir trouver quelque chose qui sort de l’ordinaire. Mais sur ce terrain plat et dans ces montagnes, cela va prendre énormément de temps, et il va être très difficile de repérer quelque chose.
-Je peux suggérer quelque chose ?
-Allez-y, lieutenant.
-Faîtes circulez les images à tout l’équipage. Le premier service, bataillon, secteur, la première équipe, unité, formation, n’importe, qui trouve quelque chose gagne une tournée. C’est toujours motivant. »

Hagard regarda son subordonné en souriant, avant de se tourner vers Ketkin, qui semblait intéressé par cette option plutôt inhabituelle.

« -Vous en pensez quoi ?
-Qu’avec des milliers d’yeux, ça pourra aller bien plus vite.
-Dans ce cas, transmettez, lieutenant. Les images transmises sont de très haute résolution, alors attention à ne rien rater, surtout que cela va être difficile de voir quelque chose.
-S’il y a bien quelque chose, à vrai dire.
-Ne soyons pas pessimistes. Bon, docteur, je vous laisse les drones. Faîtes tous les survols que vous voulez, faîtes préparer cinq autres drones avec l’équipement qu’il vous faut pour faire toutes les études complémentaires possibles. Je vous laisse dix heures dans un premier temps. »

Dix heures plus tard.

Les drones Malefis avaient bien fait leur travail. La totalité du continent avait été cartographiée, et l’équipage du vaisseau disposait d’image de qualité de la surface. Les autres drones avaient parcouru l’atmosphère de la planète en plusieurs endroits, pour s’assurer que la composition était partout la même. Quelques drones volaient encore au-dessus de l’océan, dans l’espoir de peut-être y trouver une petite île, mais jusque-là, tous les efforts restaient vains. Les autres, équipés d’équipements géodésiques, parachevaient la couverture de la planète, en particulier des montagnes. Une carte tridimensionnelle de la chaine fut rapidement achevée, permettant d’appréhender plus facilement sa nature. A bord du Terra Incognita, l’équipage s’était lancé sur l’étude des résultats, assistés des logiciels d’analyse du vaisseau. L’équipage tout entier semblait lancé dans une chasse au trésor, dans l’espoir de débusquer quelque chose. Les différents groupes s’étaient répartis le terrain, chacun scrutant méticuleusement la parcelle désigner. De temps à autres, les ordinateurs détectaient quelque chose à leurs yeux anormal, et envoyaient les coordonnées aux équipes scientifiques, afin de vérifier si cela était vraiment le cas. Mais à chaque fois, il ne s’agissait en fait que d’un jeu de lumière, d’un nuage, d’un petit promontoire. Hagard et Ketkin venaient de passer deux heures en conférence avec l’Amirauté du Cercle, pour faire un compte-rendu de la situation. Ils transmettaient par la même occasion les données enregistrées, pour avoir une sauvegarde des informations autre part que sur le Terra Incognita.

« -Alors, et maintenant ?
-On attend, et on espère trouver quelque chose. Sinon, on pourra réellement dire qu’on sera venu pour rien. Si on repart, je serais d’avis pour poser une balise de localisation sur cette planète. Juste par précaution. »

A ce moment, les unités de communication d’Hagard et Ketkin bipèrent simultanément. Après un rapide coup d’œil à leur poignet, les deux se regardèrent. Apparemment, une équipe avait peut-être trouvé quelque chose…


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MessageSujet: Re: Mendacium   Mendacium EmptySam 29 Nov - 11:17

VSS Terra Incognita.
Département scientifique.


« -Bon ! Qu’est-ce que vous avez ? »

Les deux personnes disposant de la plus haute autorité venaient d’entrer dans le département scientifique, où s’attelaient à la tâche plusieurs équipes de chercheurs, chacun ayant un but précis. Ces derniers, en voyant leur responsable arriver, s’arrêtent de travailler.

« -Une bonne et une mauvaise nouvelle, docteur.
-Commencez par la bonne.
-Bon. On commence à avoir une carte bien détaillée de Mendacium. Et la télémétrie a permis d’affiner les données.
-Et la mauvaise ?
-C’est que ces éléments soulèvent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses.
-Ben voyons. Vous pouvez détailler ?
Tout d’abord, si la surface du continent est parfaitement plate… Elle est inclinée. Une véritable pente rectiligne, mettez une boule au pied des montages et elle roulera tout droit sur des milliers de kilomètres jusqu’à la mer.
-Combien, exactement ?
-La base des montages est deux cent mètres plus haute que la pointe sud du continent. Ce qui explique pourquoi toutes les rivières sont presque parallèles et coulent du Nord au Sud. Deuxième point… On avait déjà eu quelques suspicions mais cela vient de se confirmer : aucune activité sismique, pas de tectonique des plaques, et donc impossible d’expliquer la création de ces montagnes. Troisième, toujours en parlant des montagnes… Une centaine de kilomètres après la fin de chaque vallée, on trouve une sorte de glacier circulaire. Il y a chaque fois une cuvette, emplie par la  glace. Les vallées font plus ou moins les mêmes dimensions, celle du centre étant la plus grande, celles extérieures les plus petites. Tout sur cette planète est…
-Trop parfait.
-On peut dire ça. Tout est uniforme, surtout, sans qu’on puisse expliquer pourquoi. Ah oui, et dernier point, vous aviez raison. La masse de cette planète est assez faible pour un astre de cette taille.
-Ça veut dire quoi, ça ?
-Eh bien… La gravimétrie montre une force quasi uniforme, ce qui veut dire que la densité globale de la planète est plus basse que ce que nous connaissons… Ce qui veut dire que le sous-sol n’est pas forcément composé des mêmes éléments que ceux que nous connaissons, ou alors dans des proportions différentes. De plus, c’est très dur pour une planète à faible gravité de retenir un atmosphère aussi dense que celui-ci.
-Bon, sinon, est-ce que quelque chose s’oppose à la descente au sol ? Car je suppose que vous comptez bien vous poser ?
-En effet, capitaine. A priori, non, rien d’inquiétant. De toute manière, vous pouvez le voir sur ces images, il n’y a rien. Cette planète est morte. Le seul danger immédiat, c’est l’atmosphère, dont nous n’avons pas encore fini l’examen minutieux des échantillons pour nous assurer de l’absence d’agents biologiques. Les relevés des drones à basse altitude nous indiquent que l’air y est respirable pour des Shankars. Sinon, juste quelques sources radioactives naturelles à droite à gauche, mais rien d’inquiétant. Niveau de radiation global très faible, en incluant la lumière d’Oxus.
-Donc pas d’opposition scientifique à la descente de personnel ?
-Aucune.
-Vos navettes de matériel sont prêtes ?
-Affirmatif. Mon personnel peut également être prêt dans l’heure.
-Très bien, enchaina Hagard en mettant la main à son oreillette, dans ce cas… Colonel, feu vert pour la descente. Vous pouvez envoyer votre première escouade.
-A vos ordres capitaine, répondit l’intéressé, méthode d’insertion ?
-A moins que vous ne vouliez tenter une insertion orbitale, passez par les navettes. Il faudra juste faire attention au passage dans la haute atmosphère, je ne sais pas si les navettes sont prévues pour traverser ce genre de couche gazeuse…
-Bien reçu. Je dirai aux pilotes de se préparer à un incident moteur. »

Cinq minutes plus tard, plusieurs alarmes résonnaient dans le quartier des fusiliers et dans les hangars à navette. Dans le premier, douze fusiliers de la flotte en armure intégrale pressurisée, casque dans une main et fusil dans l’autre, traversèrent les coursives au pas de de course, formant deux rangées bien droites. Dans le hangar à navettes, deux pilotes se rendaient à leur appareil, effectuaient les contrôles habituels avant décollage. Quand les fusiliers arrivèrent dans le hangar, la navette attendait, prête au décollage, rampe arrière d’accès ouverte. Sans poser de questions, les fusiliers montèrent à bord, et s’attachèrent aux sièges métalliques collés contre la coque, avant de verrouiller leur casque, assurant ainsi l’étanchéité de la combinaison. La seconde d’après, ils étaient branchés sur le système radio de la navette, tout comme Hagard et Ketkin, sur la passerelle à l’autre bout du navire.

« -Ok les gars, on y va ! Vu la gueule de la haute atmosphère, on ne va pas utiliser les moteurs atmosphériques, et on va faire une belle rentrée contrôlée, alors ça risque de chauffer un peu ! »

Les immenses portes du hangar s’ouvrirent, et la navette décolla, filant vers Mendacium, emportant avec elles les premiers êtres vivants à poser le pied sur cette planète depuis bien longtemps. Rapidement, elle approcha de l’atmosphère, mais à l’inverse des drones, elle n’allait pas fendre la dense partie supérieure comme ils l’avaient fait, car elle bien moins aérodynamique. Les deux pilotes se servirent de leurs propulseurs de manœuvres pour cabrer la navette avec une assiette négative d’une quarantaine de degrés. Après de vingt-cinq fois la vitesse du son, la navette avait accumulé une énergie immense que l’épaisse couche gazeuse allait drastiquement faire diminuer. La diminution fut plus brutale que prévue, du fait de la densité de la haute atmosphère : une violente secousse ébranla la navette, comme si cette dernière venait de passer à travers un mur qu’elle avait fait voler en éclat. A l’intérieur, les pilotes avaient les mains crispées sur les commandes électriques, et malgré tous les systèmes d’aide au vol, peinaient à maintenir l’inclinaison. Jamais une navette n’avait plongé à travers un tel mélange de gaz. Rapidement, la partie inférieure du vaisseau, directement exposée aux frottements, se mit à chauffer, allant jusqu’à mettre à rude épreuve les tuiles de protection thermique. La température dépassa en quelques secondes le millier de degrés, et continua à monter. Dans la minute, elle dépassait le millier et demi, approcha rapidement les deux mille degrés. A travers les hublots de la navette, l’atmosphère rougeoyait, tandis qu’on croyait voir des flammes lécher la carlingue. A cause de ce puissant freinage, la navette décéléra bien plus vite que prévu, et commença à perdre dangereusement de sa portance. Dans le cockpit, plusieurs alarmes se mirent à hurler, tandis que tout l’appareil tremblait.

« -On perd de la portance ! Ce foutu atmosphère nous a fait décélérer trop vite !
-Correction de la trajectoire !
-On perd le contrôle !
-On part en piqué ! Prépare les moteurs, faudra toute la puissance dès l’entrée dans la basse atmosphère ! »

A plusieurs dizaines de milliers de kilomètres de là, sur le vaisseau scientifique, on retenait son souffle, alors que la navette s’inclinait dangereusement. Sa vitesse grimpa de nouveau, alors qu’elle fendait  la couche de dioxyde de carbone à plusieurs centaines de mètres par seconde. Après plusieurs minutes, la couche opaque laissa place à un ciel totalement transparent. Aussitôt, les pilotes remirent toute la puissance dans les moteurs, et doucement, redressèrent la navette. Celle-ci plana ensuite sur plusieurs centaines de kilomètres, décrivant de larges boucles qui devaient la faire descendre jusqu’au sol. La zone d’atterrissage se trouvait à quelques dizaines de kilomètres seulement des premières pentes de l’immense chaine de montagne au Nord du continent. A l’approche du sol, les propulseurs principaux de la navette furent orientés à la verticale, et lentement la navette parcourut les ultimes mètres la séparant du sol de Mendacium.

« -Distance cinquante mètres…
-Train sorti.
-Quarante. Trente. Vingt. Dix. Cinq… »

Une légère secousse la secoua quand les supports métalliques faisant office de train d’atterrissage touchèrent le dur sol de la planète. Les pilotes prirent quelques instants pour couper les moteurs, avant de contacter le vaisseau-mère, en orbite.

« -Terra Incognita, navette posée. Escouade parée à sortir, attendons les instructions.
-Bien reçu. Escouade autorisée à sortir. »

Les vérins hydrauliques maintenant l’écoutille latérale en place se desserrèrent, et cette dernière glissa bientôt sur le côté de la carlingue. Le premier fusilier passa bientôt sa tête à l’extérieur, avant de poser un pied, puis l’autre, sur cette mystérieuse planète. Pas de phrase mémorable, pas de monument en son hommage à cet endroit. Depuis la banalisation du vol interplanétaire, poser le pied sur une nouvelle planète n’était plus forcément signe de prestige et de gloire, surtout pour une mission telle que celle-ci. Le reste de l’escouade fut à son tour bientôt dehors. Les hommes firent quelques pas aux alentours, ne voyant d’un côté qu’un terrain plat à l’infini, et de l’autre les contreforts d’une chaine de montagne de plusieurs milliers de mètres d’altitude moyenne. Rien ne bougeait, et les nombreux capteurs de leur armure ou de la navette ne détectaient strictement rien. La planète était belle et bien morte.

« -Leader Alpha pour Terra Incognita. Rien à signaler ici, jamais vu un endroit aussi désert. Vous pouvez envoyer le reste. »
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MessageSujet: Re: Mendacium   Mendacium EmptyJeu 11 Juin - 23:24

Mendacium, quelques heures plus tard.

Après la première navette des fusiliers, deux navettes s’étaient posées sur le sol de Mendacium, transportant scientifiques et matériel. La descente s’était mieux passée que la première, les pilotes ayant pris soin de réduire leur vitesse avant de rentrer dans l’atmosphère. Une fois les équipes débarquées, les premières expérimentations commencèrent. Forages de faible profondeur, étude de la composition de l’air, échantillon de l’herbe rase présent sur le sol ; bref, tout ce qu’il était possible de faire dans un paysage aussi désolé.

« -Terra Incognita, ici équipe sol.
-Ici Hagard, comment ça se présente en bas ?
-Rien de passionnant, capitaine. Il n’y a rien ici. On a fait quelques forages et analyses, mais c’est tout. L’environnement est tellement désolé qu’on ne peut pas faire grand-chose  de plus.
-Vous avez une suggestion ?
-Partir en direction de la chaine de montagne, s’installer dans une vallée. Refaire des forages, mais pas de deux mètres de profondeur.
-Bien compris, pas d’objections. Envoyez-moi les coordonnées où vous voulez aller, et je vous fait descendre du matériel. »

VSS Terra Incognita, orbite géostationnaire. Département scientifique.

« -Bon, avez-vous quelque chose d’intéressant ? »

Après des heures de recherches infructueuses, Ketkin commençait à s’impatienter. Au sol, ses équipes étaient presque dépourvues de travail à faire, une première pour cette scientifique habituée aux explorations fructueuses et pleines de découvertes. Le mystère qui entourait Mendacium ne désépaississait pas, et rien ne semblait pouvoir le lever.

« -Honnêtement docteur, je ne sais pas trop quoi dire. Cette planète, je vous disais, est beaucoup trop régulière. Le sommet du point culminant, un plat parfait. Les vallées de la chaine de montagne, strictement parallèles. Les cratères au fond de chacune d’entre elles, parfaitement sphériques. Les plaines abyssales, parfaitement nivelées. La gravité, uniformément répartie, mais quelque peu faible pour une planète de cette taille, et pourtant capable de retenir une atmosphère dense. C’est trop beau pour être vrai.
-Ou naturel.
-Vous voudriez dire que cette planète serait artificielle ?
-Je n’en sais rien ! De base, elle dépasse tout ce que nous avons pu croiser jusque-là !
-Aucune civilisation connue n’est capable de créer une planète comme-celle-ci de toute pièce. Même Robolia est encore inachevée ! Alors qui ?
-Beaucoup ont spéculé sur l’existence des Architectes.
-Les Architectes ? Honnêtement docteur… Il n’y a jamais vu aucune preuve de leur existence, et cette planète est plus déserte que le vide interplanétaire !
-Docteur Ketkin ! »

L’intéressée tourna la tête, pour voir le capitaine Hagard arriver dans le hall principal du département scientifique.

« -Docteur Ketkin, votre équipe demande à bouger.
-C’est-à-dire ?
-Ils veulent se rendre au Nord, vers les montagnes, pour faire des forages profonds, et une prospection sismique.
-Des objections de votre part ?
-Aucune. Mes fusiliers et les images des drones déclarent que la zone est dégagée.
-Très bien, dans ce cas j’aimerais envoyer un des vaisseaux miniers du Terra Incognita. Il sera parfaitement adapté pour ce genre de mission.
-Préparez-le, cordonnez le rendez-vous avec l’équipe au sol. Une fois que cela est prêt, envoyez-moi tout ça, je m’occupe du reste de la procédure.
-A vos ordres, capitaine. »

Dans l’heure, l’équipage du vaisseau minier concerné avait rejoint le bâtiment, et tous s’étaient harnachés dans leur fauteuil. Le vaisseau étant encore soumis à la gravité artificielle du Terra Incognita, se trouvant dans les soutes de ce dernier, mieux valait éviter de soudainement se retrouver à valser dans un espace zéro gravité.

« -Vulcain, ici Hagard, quel est votre statut ?
-Vulcain paré, coordonnées au sol bien reçus. En attente du largage.
-Compris. Préparez-vous, largage imminent. Équipe au sol, rejoignez les nouvelles coordonnées. Opérateurs drones, détournez un Malefis et faîtes le cercler sur zone. »

Des centaines de kilomètres sous le Terra Incognita, les navettes légères décollèrent, faisant voler la poussière autour d’elles, arrachée du sol sous l’effet des propulseurs ventraux. Les vaisseaux, peu aérodynamiques, prirent malgré tout rapidement de l’altitude et gagnèrent en vitesse, en direction du Nord et de la chaine de montagne. Sur, ou plutôt sous le vaisseau d’exploration en orbite, une des immenses baies d’amarrage s’ouvrit, dévoilant un massif vaisseau gris, maintenu par de puissantes pinces magnétiques. Celles-ci s’ouvrirent légèrement, faisant glisser le vaisseau tout droit sur plusieurs mètres le long de puissants champs magnétiques, empêchant le vaisseau minier de percuter les cloisons de la soute. Lentement, la proue du vaisseau minier dépassa sous le vaisseau d’exploration, et petit à petit, la forme grise se dévoila, jusqu’à être complètement sortie et libérée de son vaisseau mère. A bord, les pilotes s’apprêtaient à effectuer une rentrée orbitale, et leurs mains effectuaient un balai sur les innombrables commandes en face d’eux.

« -Terra Incognita, ici Vulcain. Sommes indépendants, procédons à la descente.
-Bien reçu Vulcain, prochain contact au sol.»

Les propulseurs de manœuvres du Vulcain s’allumèrent, faisant pivoter le vaisseau et lui donnant une légère assiette négative, tandis que les propulseurs principaux le rapprochaient de l’atmosphère. Le bouclier thermique fut rapidement sollicité, le Vulcain se servant grandement des gaz pour ralentir sa descente. A travers les hublots léchés par les flammes, le noir de l’espace se transforma en une aura rouge orangée, due à l’air surchauffé qui s’écoulait autour du vaisseau.

« -Vulcain dans l’atmosphère haute… On n’y voit rien du tout ! Températures sur les boucliers thermiques plus élevées que la moyenne, surement à cause de la densité de l’atmosphère ! Faudra le vérifier en remontant !
-Compris, Vulcain. Vous aurez quelques dizaines de kilomètres pour vous stabiliser ensuite »

La vision se découvrir bientôt, à l’arrivée dans la partie basse de l’atmosphère. Le vaisseau minier, bien qu’alerté des dangers, rencontra le même problème que la première navette. La partie haute de l’atmosphère avait trop fait chuter sa vitesse de descente, et se retrouva en difficulté pour planer correctement.

« -Et merde ! Déjà qu’on n’a pas trop d’appui aérodynamique… Rétrofusées, faible puissance ! On va devoir finir la descente comme ça, pas la peine d’espérer planer ! »

Des flammes bleues violettes, synonyme de leur extrême température, jaillirent sous le vaisseau, ralentissant soudainement sa chute. Le point prévu de rendez-vous avec les équipes au sol allait se trouver trop loin pour qu’il puisse le rejoindre, aussi le pilote notifia-t-il aux navettes le changement de destination. Le Vulcain finit sa descente presque à la verticale, contrôlant sa vitesse en ajustant la poussée des rétrofusées. Bientôt, les jets de plasma vinrent fouetter le sol poussiéreux de Mendacium, entourant le vaisseau dans une bulle grisâtre de terre et de cailloux à l’intérieur de laquelle il était presque impossible de le discerner. Les milliers de tonnes se posèrent lourdement sur le sol, et le Vulcain fut bientôt rejoint par les navettes légères arrivées à la surface quelques heures plus tôt. Sur le vaisseau minier, on s’affairait déjà pour réaliser la prospection sismique. Des panneaux latéraux du vaisseau coulissèrent, dévoilant une volée de petits drones birotors, qui s’envolèrent aussitôt, pour aller se poser plus ou moins loin du vaisseau, et s’ancrer au sol. Les engins fendirent les cieux à plusieurs de centaines de kilomètres par heures, ce qui n’était pas de trop pour obtenir une image 3D d’une surface de plusieurs dizaines de kilomètres carrés. Pendant ce temps, sur le Vulcain, on se préparait à transmettre en temps réel les données au Terra Incognita, qui pourrait rapidement les analyser grâce à la puissance de ses supercalculateurs embarqués.

« -Ici Vulcain. Paré pour la prospection.
-Bien compris Vulcain, allez-y.
-Très bien ! A tout le personnel au sol, accrochez-vous, ça va secouer ! »

Le Vulcain généra une unique onde de choc, qui percuta le sol de plein fouet. A l’impact, la terre trembla autour des trois vaisseaux Shankaris, et plusieurs scientifiques, bien que se tenant solidement attachés dans leurs fauteuils, manquèrent de de cogner à la carlingue quand la secousse passa sous leurs pieds. L’onde de choc se propagea sur des centaines de kilomètres, tel un véritablement tremblement de terre, et fut réfléchie par les différentes couches géologiques, permettant d’avoir une première idée de la structure souterraine de Mendacium. Le Terra Incognita traita rapidement les données, et renvoya rapidement une première image du sol.

« -Très bien, seconde étape. Analyse fréquentielle, mettez le système en mode impulsionnel. »

Cette deuxième méthode consistait à étudier la réflexion d’une unique onde de choc, mais d’un signal périodique, généré par une succession plus ou moins rapide d’impulsions. Le fait de faire varier la fréquence permettait d’obtenir plus ou moins de pénétrations sur certaines couches, et donc d’obtenir une image plus détaillée. A nouveau, le sol de Mendacium trembla, sous les assauts répétés des ondes de choc émises par le vaisseau minier. Pendant plusieurs dizaines de secondes, les secousses se succédèrent, à un rythme variable. Sur le Terra Incognita, Ketkin attendait impatiemment d’obtenir l’hologramme complet de cette partie du sol de Mendacium. Quelques minutes plus tard, celui-ci apparut devant elle. Elle l’examina, l’air soucieux, avant de se retourner vers les géologues.

« -Pourquoi il manque une partie de l’analyse ?
-Comment ça ?
-Il manque toute la partie en dessous de cinq kilomètres de profondeur, vous ne l’avez pas encore traitée ?
-Euh si… Elle est bien là.
-Non, justement, il n’y a rien.
-En fait, on a une réflexion totale des ondes à cette profondeur. Rien ne passe. C’est une couche extrêmement dense.
-Vous avez une idée de la composition ?
-Non, aucune. On ne connait rien capable de faire barrage de manière aussi nette. Ce n’est même pas une atténuation progressive dans le milieu, c’est vraiment une réflexion totale. »

Ketkin manqua de s’étouffer devant cette nouvelle révélation. Une nouvelle fois, elle se heurtait à un mystère, et ne semblait pas avoir les outils pour le résoudre, alors que le Terra Incognita était l’un des plus gros vaisseaux scientifiques d’Oxus. C’est à ce moment qu’Hagard décida de faire son entrée dans le département scientifique, une main sur son oreillette, et visiblement en pleine discussion.

« -Non, seulement une navette de fusiliers. Soyez prêts à décoller si besoin. Je vous recontacte.
-Capitaine ? Que se passe-t-il ?
-Rien d’inquiétant, ne vous en faîtes pas. Et de votre côté ?
-Encore une énigme. Et aucun indice pour la résoudre.
-Bon, alors au point où on en est… J’ai peut-être quelque chose. »
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MessageSujet: Re: Mendacium   Mendacium EmptyVen 19 Juin - 19:26

VSS Terra Incognita, orbite haute de Mendacium.

« -Honnêtement, capitaine, je ne sais pas ce que pouvez avoir trouvé d’intéressant. Je suis à deux doigts de laisser tomber. Tout ce qu’on a trouvé jusque-là, ce sont des questions, des mystères, un brouillard les entourant, et aucune réponse. C’est assez frustrant, en réalité. Dès que l’on arrivera en savoir plus, cela risque d’être extrêmement riche en informations, mais pour le moment, rien. »

Hagard effectua quelques opérations sur l’écran tactile attaché autour de son poignet, et fit s’afficher une image sur l’un des nombreux écrans devant eux. Ketkin regarda l’image pendant quelques secondes, sans réellement comprendre de quoi il s’agissait.

« -Qu’est-ce que vous voyez sur cette image ?
-Une crête, entre deux vallées, je suppose. Beaucoup d’arêtes rocheuses, terrain très accidenté. Je ne vois pas que quoi ça pourrait m’intéresser.
-Maintenant, regardez la représentation 3D de la même zone. »

Ketkin serra le poing en voyant ce qu’affichait l’écran. Si les images donnaient l’impression d’une zone irrégulière, la télémétrie indiquait tout autre chose juste en dessous de la crête, se trouvait une sorte de plateau. Pas spécialement grand, mais totalement plat, quand elle ne voyait quelques instant auparavant qu’une pente escarpée.

« -Capitaine, vous savez que vous me mettez sous le nez ce qui me met actuellement en rogne ?
-Je sais, répondit Hagard en s’esclaffant, mais ce n’est pas tout. Voyant ça, je me suis permis de demander à vos gars de rechercher des endroits similaires, et j’ai fait dévier les drones. Il y a plusieurs endroits comme ceci, généralement en haut des vallées, de taille plus ou moins grande. Mais ce qui est intéressant sur ce plat en particulier, c’est l’existence d’une sorte de renfoncement dans la montagne, comme l’entrée d’une grotte, chose que nous n’avons pas vu sur les autres endroits similaires. Surement à cause d’éboulement, où je ne sais quoi.
-Seriez-vous en train d’essayer de me piquer mon boulot, capitaine ?
-Loin de moi cette idée. Bref, une navette se tient prête à décoller, avec à son bord une escouade de fusiliers. A mon avis, il serait bon d’aller jeter un œil sur place.
-Comme vous l’avez dit, au point où on en est… Allons-y, autant voir ce que cet endroit nous réserve.
-Nous n’avons aucune certitude d'y trouver quelque chose, docteur.
-Je sais, mais pour le moment, c’est ça ou rien. »

Ciel de Mendacium, dans l’heure qui suivit.

La navette fendait les airs, avec debout à son bord douze fusiliers de la Flotte en armure intégrale. Malgré les turbulences qui secouaient de temps à autre la navette, ils restaient stables, les semelles magnétique de leur armure les fixant au sol, et les systèmes mécaniques de cette dernière l’empêchant de bouger. Le capitaine de l’escouade fit rapidement un briefing à ses hommes, mais ceux-ci connaissaient déjà la mission.

« -Ok les gars, mission classique ! On arrive, on explore, et on reste sur nos gardes, et on ne tire pas sur tout ce qui bouge ! C’est compris ?
-Oui chef ! »

Une bourrasque de vent plus violente que les autres fit trembler la navette. Les fusiliers posèrent une main sur la carlingue, pour se stabiliser. Visiblement, ils approchaient de leur destination, et les vents étaient de plus en plus violents. La voix du pilote retentit presque aussitôt dans le compartiment arrière.

« -Ok les gars, on arrive sur place, préparez-vous ! Je ne vais pas pouvoir me poser, mais je me mets en stationnaire à dix mètres du sol.
-Compris. »

A bord, les fusiliers attrapèrent leur casque, et fermèrent hermétiquement leur combinaison. Ils accrochèrent leurs lourds fusils d’assauts, qu’ils tenaient jusque-là dans leurs mains, sur les accroches ventrales prévues à cet effet, vérifièrent que leur lourd paquetage était bien attaché dans leur dos, et se mirent en position. Les trois lignes de quatre fusiliers firent face à la rampe arrière, encore scellée. Soudain, la navette s’inclina sur le côté, tandis que le pilote la mettait en position pour permettre la sortie des soldats.

« -Messieurs, vous êtes arrivés à destination… L’altitude est de près de plus de huit mille mètres, la température extérieure de moins cinquante-trois degrés, les vents violents à près de cent quatre-vingt kilomètres par heure.
-Et bien, grommela un des fusiliers, ça s’annonce marrant.
-Ouverture de la rampe arrière ! »

Simultanément, l’air froid s’engouffra dans la navette, et le pilote dû augmenter la puissance des propulseurs pour la stabiliser. Les douze hommes n’attendirent pas qu’elle doit grandement ouverte, se mirent à courir et sautèrent dans le vide, avant de heurter le sol dix mètre plus bas. Les lourdes armures amortirent le choc, évitant aux fusiliers de se briser les os. Sans attendre, ils se mirent à courir sur le mélange de roche et de glace, aidés par les systèmes hydrauliques de l’armure. Une fois tous au sol, la rampe de la navette se referma, et repartit en direction du Vulcain, ne pouvant pas rester ici. L’escouade se mit quelque peu à l’abri du vent, devant l’entrée du renfoncement.

« -Terra Incognita, ici escouade Alpha. Sommes au sol et en position sur le plateau. Confirmez réception, et attendons instructions.
-Alpha, ici Hagard, reçu cinq sur cinq. Rien à signaler pour le moment ?
-Négatif, zone dégagée, et on a bien l’entrée d’une grotte devant nous.
-Compris. Feu vert pour exploration.
-Reçu. On installe un relais radio au cas où et on y va. »

L’un des soldats ouvrit le sac d’un autre fusilier, et attrapa un cylindre métallique bleuté. Il l’ouvrit, appuya sur deux boutons, et le referma. Aussitôt, une solide broche apparut sur une des faces planes et une lumière rouge se mit à clignoter sur l’autre. Il s’approcha de la sortie de la grotte, et d’un coup sec, planta l’appendice dans la roche, qui se fractura autour du point d’impact, sous l’effet de la pression. Il vérifia que le relais était bien fixé, et fit signe à son chef. Ce dernier vérifia que le relais remplissait son rôle, puis fit signe à l’escouade qu’il était temps d’y aller. Douze faisceaux lumineux émanant des lampes fixées aux casques se mirent à balayer les murs, alors qu’ils s’avançaient dans les profondeurs de la grotte, dans une lente marche qui ressemblait presque à un ballet. Parfaitement synchronisés, leurs mouvements étaient fluides, malgré leurs lourdes armures et la quantité de matériel sur le dos.

« -Alpha en mouvement.
-Restez en contact, décrivez.
-Rien à signaler. Grotte classique. Parois rocheuses, comme érodées avec le temps. Aucun signe particulier, les capteurs ne détectèrent rien qui sort de l’ordinaire. Terrain plat pour le moment.
-Compris, prévenez au moindre changement. »

Le chef de l’escouade répondit par l’affirmative, et continua son chemin. Peu après, il recontacta le vaisseau.

« -Ici Alpha, changement de topographie. Le chemin est en pente, toujours tout droit, aucun virage. D’après les capteurs, pente à dix pourcent et…
-Que se passe-t-il, Alpha ?
-Je crois qu’on a un obstacle, le radar mon armure m’indique un obstacle, cent cinquante mètre devant. Oui, c’est bien ça. Un éboulement. Le passage est bloqué. »
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