Nettoyage Larvaire - Partie II Bis

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La fine pluie crépitait sur l'armure métallique du Prince. Celle ci était cabossée, raillée, recouverte de boue et de sang. Mais loin d'être une honte, un tel état était une fierté pour un Hermice, il démontrait la bravoure à la guerre.
Cela faisait un peu plus de trois semaines que la Campagne d'Amanite avait commencé, et quinze jour que l'unité du Prince avait prit part aux combats contre l'espèce locale.
C'est dans un camp au milieu d'une épaisse forêt, non loin des champs de batailles, fait de tentes, de boue et de véhicules lourds entreposés que le Prince reçu le messager.
A l'époque de l'unisphère et des communications par ondes ultrarapides, les Hermices aimaient encore envoyer des messagers en chair et en os, le meilleur moyen pour transmettre un message en sûreté disaient-ils.

« Seigneur Prince, l'Empereur vous demande. »

Le Prince était assis sur un trône improvisé à l'intérieur de sa tente dont le vent faisait ballotter les portes en tissus, la pluie arrosant l'entrée.
La voix du prince Hermice sortit de sa coquille d'acier dans un son métallisé.

« Il me demande ? Il n'est pas au courant que je suis occupé ici ?
- Bien sur qu'il l'est Seigneur Prince. S'il vous fait demander c'est donc pour une bonne raison, il ne vous dérangerez pas à la guerre si ce n'était pas important.
- De quoi s'agit-il alors ?
- De l'Alliance.
- L'Alliance ? Qu'est ce qu'ils viennent nous causer des ennuis encore ?
- Ils ne viennent pas nous causer des ennuis Seigneur Prince, ils aimeraient nous demander notre aide. »

Un l'intérieur de l'armure le Prince haussa ses sourcils de surprise, mais bien sur le messager ne vit rien transparaître de l’étonnement de son seigneur sur la coque d'acier.
Il reprit.

« L'Ambassadeur de Gotha sur Ataraxie a fait une demande officielle pour rencontrer l'Empereur.
- Gotha ? Rafraîchi moi la mémoire, je ne suis pas toujours au faite avec la géopolitique de l'Alliance.
- Gotha, la planète natale des Tépès, centre du Consortium Drall, l'un des plus puissant...
- Ah oui, Lusirus Gomor, je me souviens l'avoir déjà rencontré.
- Ce doit être pour cela que l'Empereur vous demande personnellement Seigneur Prince. De plus, vous êtes l'un des seuls officiers à parler correctement la langue Standard de l'Alliance, ce qui est toujours utile pour des négociations. »

Le Prince resta pensif quelques instants. Devoir faire de la politique plutôt que de se battre ici, il n'y avait rien de plus frustrant pour un guerrier comme lui. Mais si telle était la volonté de son Empereur, il ne pouvait aller à l'encontre de ses ordres.

« Quand et où aura lieu cette rencontre ?
- L'Empereur a déjà prévu la rencontre sur votre vaisseau personnelle dans une zone de l'espace, prêt du noyaux et d'Ataraxie. Le point vous nécessitera un peu plus d'un jour de voyage.
- Très bien... » dit-il avec un long soupir que son armure traduisit par un long râle métallique.

* * *

Lusirus Gomor se félicitait d'avoir pu obtenir une audience auprès de l'Empire Hermice en si peu de temps. Il ne lui avait fallut que 2 jours pour obtenir un rendez vous et moins d'un pour aller sur le lieu de rencontre.
Il était déçu de ne pas rencontrer l'Empereur en personne, simplement un Prince de l'Empire, mais en si peu de temps c'était inespéré.
A ses côtés, dans la salon du capitaine, se tenaient Dun Aengus et plusieurs de leurs collaborateurs.
Un navire du Cercle Shankar accompagnait le Valefor I du Consortium Drall, mais l'ambassadeur de Gotha avait souhaité inviter sur son vaisseau le diplomate Shankar. Il était toujours plus agréable de discuter de vive voix plutôt que par visioconférence holographique.

« Avez vous déjà parlementé avec les Hermices, Aengus ? Ils sont assez déstabilisant au premier abord. Je ne parle pas seulement de leur carapace métallique qui ne laisse rien transparaître de leurs émotions ou de leur accent à couper au couteau, additionné au son métallisée de leur voix, mais plutôt de leur mentalité.
Les Hermices ne sont pas des politiciens, aucun d'entre eux n'est politicien je crois bien. Ce sont des militaires, des guerriers. Leur culture est basée la dessus.
Il est donc parfois difficile de parler politique et diplomatie avec eux. L'avantage par contre, c'est qu'ils sont toujours très direct. Là où un politicien essayeraient de vous embobiner, de tourner autour du peau, de faire de la langue de bois, l'Hermice lui ira droit au but, sans concession.
Après avoir passé plusieurs jours à discuter avec les politiciens de l'Alliance, vous verrez que c'est reposant de parlementer avec un Hermice. »

Lusirus émit un petit rire qui dévoila ses canines puissantes. Puis il reprit son sérieux et décida de changer de sujet.

« Vos unités de reconnaissance ont-elles commencé leur activité sur le territoire Krim ?
Maintenant que nous sommes entre nous, sans les autres ambassadeurs et votre D'Arnor, vous pouvez me dire ce que le Cercle a l'intention de faire là bas. J'ai du mal à croire que vous allez seulement espionner gentiment. D'Arnor semblait bien remonté au Conseil.
Mais je ne comprends pas pourquoi vous avez accepté une Chimère du Bélèste dans vos rangs. Avec ces chieurs de pacifistes vous allez limiter votre champ d'action.
Je pari que si vous vous faite attaquer par les krims ils vous demanderont de ne pas répliquer. »

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Quelque part dans l’espace.
Destroyer Luminae Pax.

Dun Aengus s’était mis en route immédiatement après avoir appris sa destination. Il ne s’avait pas encore à quoi s’attendre, mais la situation semblait urgente, et les explications viendraient en chemin. Le Luminae Pax, le destroyer officiel du premier diplomate du Cercle, était accompagné par deux destroyers Silencis, ainsi que quelques frégates Tenebris, afin de dissuader d’éventuels imprudents de s’en prendre au vaisseau diplomatique. Il descendit en salle de conférence moins d’une heure après son départ, pour une rencontre holographique avec le Régent et l’ambassadeur d’Arnor. Ces derniers lui résumèrent la situation, et le but de l’entrevue avec l’Empire Hermice. Aengus était sceptique : pas autant que d’Arnor, mais la situation ne lui plaisait pas. L’Empire Hermice pouvait tout simplement leur dire de retourner d’où ils venaient, pour rester poli, et le déplacement n’aurait servi à rien.

« -Le fait de ne pas pouvoir agir seul me semble assez problématique…
-Bien d’accord, répondit d’Arnor, je compte d’ailleurs réfléchir à la chose dès que cette affaire sera close. IL est peut-être temps de mettre du neuf dans les règles de l’Alliance d’il y a trois cent ans.
-On verra ça plus tard, d’Arnor. Aengus, ce que nous voulons, c’est une opportunité de frappe via l’Empire Hermice. Pas un conflit ouvert.
-Très bien Régent. J’aviserai en fonction de la situation. »

Le Luminae Pax se rapprocha bientôt du premier point de rendez-vous, où il devait rejoindre la flottille du Drall. A l’approche de cette dernière, le vaisseau diplomatique du Cercle reçu un message.

« -Ambassadeur, le représentant du Drall vous invite à bord de son vaisseau afin de discuter.
-On a le temps de faire un transfert par navette ?
-Affirmatif.
-Très bien. Préparez-en une, et dîtes lui que le me rend sur son vaisseau dès que possible.
-Bien reçu. Navette prête dès votre arrivée au hangar trois. »

Aengus hocha la tête, et descendit jusqu’au hangar où l’attendait son moyen de transport, accompagné de deux secrétaires, et de trois fusiliers du Conseil. L’escorte était uniquement symbolique, car il se rendait sur un vaisseau allié, où il n’avait rien à craindre. L’escorte serait en revanche plus importante s’ils se rendaient sur un vaisseau de l’Empire Hermice. Une fois que le sas de la navette fut fermé, cette dernière décolla, quitta la baie de lancement, avant de décrire une large courbe la ramenant juste devant un hangar du destroyer du Drall. Les lourdes portes coulissèrent, et la navette pénétra à l’intérieur du vaisseau. L’équipage attendit quelques instants avant que la pression ambiante ne se stabilise, pour que l’ambassadeur descende en toute sécurité.

Destroyer du Drall Valefor I.

Dun Aengus, premier diplomate du Cercle Shankari, discutait avec l’ambassadeur Gomor. A côté du destroyer du Drall se tenait le Luminae Pax, le destroyer officiel d’Aengus, ainsi que son escorte. Mais le représentant du Cercle s’était rendu à bord du vaisseau du Drall afin de discuter directement avec le deuxième émissaire de l’Alliance. Jusqu’à présent, le Cercle n’avait jamais directement négocié avec l’Empire Hermice, mais Aengus restait confiant. Il n’avait rien à perdre, mais tout à gagner. Si rien ne se concluait, cela ne porterait pas préjudice au Cercle ; si quelque chose était signé, cela pourrait en revanche lui donner un degré de liberté de plus. Après avoir discuté politique avec le représentant du Drall, ce dernier le questionna à propos des opérations menées au même moment par le Cercle

« -D’Arnor sait ce qu’il fait, s’il a jugé qu’un Chimère pouvait être utile, c’est qu’il l’est. D’Arnor est un ancien amiral de la flotte, il a été à la tête de la Première Flotte pendant plusieurs années ; il connait bien les besoins d’une telle opération. Si un de nos vaisseaux se fait attaquer, nous répliqueront. Si le Chimère se fait attaquer, nous répliquerons aussi. Nous devons protéger les membres de l’Alliance en cas d’agression caractérisée, et c’est bien ce que nous ferons si la situation l’exige. Il est hors de question que le Cercle assiste sans rien faire à la destruction d’un vaisseau lourd de l’Alliance. Et puis, l’amiral à la tête de la Sixième Flotte n’est pas vraiment du genre à se laisser faire. L’empêcher d’envoyer toute sa flotte raser une flotte Krim est déjà un exploit. »

Le Shankar contempla un court instant les ornements de la salle où il se trouvait, avant de reprendre la parole.

« -Ceci étant dit, occupons de la rencontre à venir. J’ai discuté avec le Régent, et avec d’Arnor, et j’admets comprendre son point de vue, notamment sur le fait que nous devons pouvoir agir sans devoir demander l’appui de nations extérieures. Je ne suis pas aussi catégorique que lui sur l’utilité de cette rencontre, mais nous nous aventurons dans un terrain dangereux. Conclure un pacte avec l’Empire, cela voudra certainement dire apporter un soutien militaire, à un moment ou un autre. Et bien que le Cercle soit concerné par cette affaire, nous étions initialement opposés à une intervention extérieure ; cela voudra que certaines nations de l’Alliance, je pense notamment au Drall puisque c’est de vous qu’émane l’idée, devront s’engager aux côtés de l’Empire Hermice. Et ça, la Suprématie risque de ne pas apprécier. La Flotte du Cercle est à même de combattre, nos effectifs sont suffisants pour protéger nos frontières les plus exposées. Mais il hors de question d’envoyer les sept flottes du Cercle combattre sur le front. Ce que nous cherchons, c’est une possibilité de frappe sur la Suprématie, en fonction des renseignements collectés par la mission de reconnaissance. Mais la Suprématie risque d’y voir plus que ça, même si nous leur envoyons un message diplomatique avec les tirs d’obus cinétiques. Conclusion, nous allons vraiment devoir faire attention à quoi nous nous engageons auprès de l’Empire. »

L’unité de communication attachée au poignet du Shankar vibra de manière presque imperceptible. Aengus baissa les yeux, et fit rapidement défiler les messages affichés à l’écran, pour tomber sur celui qui l’intéressait. Le message en question venait tout droit du VCS Vengeance, qui l’informait de l’avancement des opérations.

« -Bon. Nos frégates furtives n’ont pas perdu leur temps. Une trentaine de destroyers et près du triple en frégates. Sans compter les corvettes et les convois de cargos. Apparemment, ils n’ont pas croisé d’unités lourdes type croiseur pour le moment. Vingt-neuf destroyers, ça commence à faire, mine de rien. Ça reste juste le nombre de destroyers déployés par une seule flotte du Cercle, mais bon, restons prudent. Les frégates n’ont exploré qu’une petite partie du territoire de la Suprématie. »

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Un message diplomatique avec des obus cinétiques, Heliott Armass aurait été là il aurait bondit pensa Lusirus Gomor. Seul un petit rictus au coin de sa bouche aux lèvres décharnées trahissait ce à quoi il pensait.

« 29 destroyers, en effet ce n'est pas rien, surtout quand on pense que l'opération vient de commencer. J'ai entendu parler des destroyers des Krims. Ils ressemblent à des espèces d'animaux bizarres, à première vu on pourrait même croire qu'il ne s'agit pas d'engin de guerre.
Leur technologie en matière de manipulation génétique est vraiment surprenante. Je pense que les Hermices pourront nous en apprendre plus là dessus, eux qui les affrontent depuis un certain temps maintenant. »

Lusirus attrapa son verre d'alcool fort posé sur la table basse luxueuse devant lui. Le liquide avait une couleur verte fluo et l'architecture étrange du verre, tout en courbes enchevêtrées, rendait la boisson encore plus étrange.
L'ambassadeur bu une gorgée, retint un frisson, puis reprit la parole tout en reposant son verre.

« Vous savez Aengus, ce que j'espère de cette rencontre.
Je pense qu'il faut mieux que l'Empire Hermice et les Krims s’entre-tuent, loin de l'Alliance de préférence. Jusque là ils ne sont pas en guerre ouverte, mais lorsqu'il le seront leur fin sera inéluctable. Vous vous souvenez de la guerre il y a 15 ans ? Regardez ce que sont devenus les deux Empires ennemis. Ils ne sont plus rien. C'est ça la guerre aujourd'hui, il n'y a plus de vainqueur. Les vainqueurs se sont ceux qui restent neutre dans les conflits, ceux qui après la guerre marchent sur les cendres et récupèrent ce qu'il reste.
C'est pour cela que je veux éviter que l'Alliance parte en guerre. Il est important de rester neutre pour pouvoir marcher sur les cendres.
Regardez les Dogons après la grande guerre il y a presque quatre siècles. Aujourd'hui ils font parti de l'Alliance. Ce sera pareil pour les Krims et les Hermices une fois qu'ils seront pacifiés par leur massacre. »

Lusirus reprit une gorgée de sa boisson fluo avant que le capitaine du Destroyers n'entre dans la salle.

« Vous comprenez donc l'idée maintenant. Elle n'est pas d'allier le Cercle ou l'Alliance aux Hermices, de devoir demander l'appui ou l'autorisation d'agir à des nations étrangères.
Oui Capitaine ? »

Le Capitaine Tépès s'était figé au garde à vous devant l'ambassadeur en attendant qu'il lui prête attention.

« Colonel, nous arrivons au point de rendez vous. Plusieurs navires Hermices sont en vu. »

Les soldats appelaient encore souvent Lusirus par son grade, bien qu'il est quitté l'armée depuis maintenant 30 ans.

« J'espère que tout se passera bien, d'après nos radars, si les Hermices avaient l'intention d'attaquer nous serions en grande difficulté, et ce même avec l'apport des vaisseaux du Cercle.
- Ne vous inquietez pas Capitaine, nous sommes en visite diplomatique, il n'y a aucune raison qu'on nous attaque. Sauf si nous froissons le Prince... »

Sur cette dernière phrase il se tourna vers Aengus avec un grand sourire.

« Bien, entamez les manœuvres d'approches, contactez leur navires.
Je pense que nous allons prendre qu'une seule navette pour nous rendre là bas. Aengus ?
Je possède d'ailleurs une luxueuse corvette Fulgure, j'ai toujours apprécié la conception des navires Shankar. »

Sur ce, Lusirus se leva suivi du diplomate du Cercle.

* * *

A bord de la corvette Classe Luxuria, la vu sur l'espace était magnifique, mais aussi terrifiante...
Devant eux, barrant l'océan d'étoile, un Croiseur Hermice Classe Déluge, un engin énorme qui dépassait en taille n'importe quel croiseur de l'Alliance.
A ses côtés, trois Destroyers Exiger et quelques frégates Véloce. Le Capitaine du Valefor I avait raison, ils ne feraient pas le poids en cas d'affrontement.
Heureusement que Lusirus était confiant, il n'y avait aucune raison de se battre. Si les Hermices avaient déployer autant de force, ce n'était uniquement pour paraître puissant devant les représentants de l'Alliance. Et l'effet fonctionnait.

De son siège en cuir beige dans ses quartiers de sa corvette, Lusirus entendait dès hauts parleurs les manœuvres d'accostages.

« Quoi ? Veillez parler en langue standard s'il vous plaît, je ne connais pas votre dialecte. »

Quelques secondes plus tard en Hermice se décida à répondre avec un horrible accent.

« Atterrissage autorisé dans le Hangar H6, pont 9.
- Bien reçu. »

La corvette entama sa descente puis se posa délicatement sur la place indiquée, entre deux chasseurs Fourches en pleine révision.

* * *

« Il nous on fait atterrir bien loin des quartiers princiers. Ils veulent sûrement nous faire une petite visite, pour nous impressionner. » dit-il en se baissant légèrement pour être au niveau du Shankar.

A la sortie la corvette, ils s'étaient retrouvés dans un grand hangar où s'affairaient des centaines d'Hermices sur divers vaisseaux.
Ils furent accueillis par plusieurs soldats. Celui qui semblait être leur chef ne s'adressa à eux que par un signe de la main leur demandant de le suivre, sûrement qu'il ne devait pas parler la langue Standard.
Ils traversèrent le pont au milieu de plusieurs Chasseurs Javelots en ligne et croisèrent plusieurs soldats Hermices dont un en armure de colosse, mesurant plus de 3 mètres.
A côté d'un des Chasseurs Javelot en réparation, une armure d'Hermice était ouverte et vide. Son propriétaire avait du la quitter pour effectuer des réparations dans un endroit exigus du vaisseau monoplace.

« Apparemment ils ne parlent pas notre langue Aengus. On peut donc encore parler.
Je ne sais pas si D'Arnor vous l'a dit, mais le Conseil des Régents m'a autorisé à faire quelques concessions aux Hermices dans les négociations.
Vous n'êtes pas sans savoir que l'Empire et l'Alliance ont quelques conflits notamment territorial.
Je suis autorisé à concéder quelques territoires revendiqués par les Hermices.
Et sur certaines questions économiques aussi. Depuis l'invasion d'Amanite par les Hermices vous savez que l'Alliance a fait un boycotte de certaines entreprises de l'Empire. Sûrement que celui que vous allons rencontrer va nous en parler... »

Ils arrivèrent à la fin du hangar et montèrent dans un grand ascenseur qui les mena au pont supérieur. Ils durent encore traverser des laboratoires pour enfin arriver aux quartiers royaux.
Lusirus était persuadé qu'ils auraient pu prendre un chemin plus court, mais leurs guides avaient sûrement reçu l'ordre de les promener un peu.

* * *

Les grandes portes dorées s'ouvrirent, laissant apparaître derrière elles un Tépès et un Shankar accompagnés de leurs assistants et gardes personnels.
Le Prince était assis sur un grand trône à l'extrémité opposé aux portes. Entre, une longue salle richement décorée, avec un long tapis rouge brodé d'or, plusieurs statues de bronzes et de marbres, de magnifiques lustres en cristal et des tableaux et miroirs.
Il était difficile d'imaginer qu'ils se trouvaient dans un vaisseau de guerre et non dans un palais de sultan.
Un Hermice portant une armure habillée d'un drappé rouge et or accueillit les deux représentants de l'Alliance.
Il essaya de parler sans accent, ce qu'il ne réussit pas totalement.

« Bienvenu à bord du Croiseur Garidon. La lignée des Davluken est honoré de recevoir deux représentants de l'Alliance, seigneur le Colonel Lusirus Gomor du Drall Tépès et l'illustre diplomate Dun Aengus du Cercle Shankari.
Je vous prie de me suivre. »

Ils traversèrent la salle sur le long tapis rouge pour atteindre le trône où se tenait sur une estrade les surplombant le Prince Hermice qui le recevait.
Leur guide se plaça à côté de son seigneur et fit face aux invités.

« Sa majesté le Prince Tarasque rhéor Toléraque de la lignée des Davluken, héritié de Garidon. Prince d'Eglade et de Trissengard, Gouverneur d'Emond. Colonel de l'armée de Toléraque, Amiral du Croiseur Garidon. »

Lusirus retint un sourire que le Prince aurait certainement jugé offensant. Le cérémonial Hermice l'avait surprit la première fois, aujourd'hui ça l'amusait toujours.
Il fit une légère révérence de courtoisie avant que le Prince ne parle enfin en faisant résonner sa voix métalisée.

« Je suis honoré de vous recevoir sur mon navire. Puisse nos discussions se dérouler en toute amitié. »

Le Prince ne parlait qu'avec un léger accent, sa maîtrise de la langue Standard était parfaite.
Il fit un signe de la main à son assistant qui apporta une boite à Lusirus.
Il l'ouvrit pour y voir un pistolet que le Prince commenta.

« Un Férin des manufactures de Thanatius. Une arme magnifique fait main sur ma planète natale, Trissengard. »

Lusirus l'observa, l'arme était splendide, le chrome de son canon resplendissait à la lumière et le bois de la crosse était gravé du nom de l'ambassadeur.
Il referma la boite et fit à son tour un signe à son assistant derrière lui.
La première fois qu'il avait rencontré un seigneur Hermice il s'était fait avoir, ne sachant pas qu'il était coutume de rapporter un cadeau. Cette fois il avait tout prévu.
L'assistant, un Tépès, transporta son présent jusqu'à l'assistant du Prince qui à son tour transmit la boite à son seigneur.
Lusirus commenta également quand le Prince Tarasque ouvrit la boit.

« Il s'agit d'un Empereur de Mag-Shot. Une arme redoutable. Elle semblait être un choix de présent idéal pour vous rencontrer votre majesté. »

Tarasque ne comprit pas tout de suite, puis il se souvint que le mot Empereur dans la langue standard désignait le chef de l'Empire.

« Merci bien Colonel Gomor du Drall.
A présent que le cérémonial est terminé je vous prit de me suivre jusqu'à mes appartements. »

Le Prince se leva, laissant tomber jusqu'à ses pieds sa cape rouge et noir qui recouvrait les épaules de son armure. Il était grand, très grand, dépassant Lusirus de deux têtes.
C'était son armure qui était haute, à l'intérieur, le petit Hermice était même plus petit que la Shankar. Quand il tourna le dos à ses invités pour pénétrer dans la pièce derrière la salle du trône, ces derniers purent voir les armoiries de la famille du Prince brodée sur sa cape.

Les quartiers du Princes était tout aussi luxueux que la salle du trône.
Un grand bureau en marbre blanc était au centre de la pièce, devant un tableau représentant Garidon sur un champ de bataille, l'ancêtre du Prince Tarasque.
A côté, une fontaine et au dessus une cage où piaillaient deux oiseaux étranges originaires de Tyr. Le reste de la pièce était fait de meubles en bois riches, de sculpture grandioses et d'autres tableaux représentants des membres de la famille du Prince, tous issus de la lignée des Davluken.

Le Prince s'assit derrière son bureau et fit signe à ses invités pour qu'ils s'assoient également.

« Je vous prie d'excuser nos protocoles, mais vous savez comment son les Hermices.
- Ne vous excuser pas Prince, il est bien de respecter les traditions de son peuple.
- Je ne suis pas très traditions je dois vous l'avouer. Je suis un homme d'action vous savez. Ce folklore princier m'ennuie profondément.
- Je le comprends cher Prince.
- A présent épargnons nous ces fastidieuses conventions et parlons direct, sans détour.
Pourquoi souhaitiez vous une audience auprès de l'Empire ? J'ai cru le comprendre par mes assistants mais je voudrais que les choses soient bien clairs. Peu d'Hermice parlent parfaitement la langue Standard et une erreur de traduction est vite arrivée. »

Lusirus lança un regard au diplomate Shankar à ses côtés. Peut être souhaitait-il exposer la situation lui même au Prince ?

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Croiseur Déluge de l’Empire Hermice.

Le Luminae Pax et son escorte, ainsi que les vaisseaux du Drall se tenaient prêts de l’imposant croiseur de l’Empire. Sa taille était telle qu’il dépassait même de quelques centaines de mètres le Furieux, vaisseau amiral de la Flotte Coalisée. Aengus était escorté par une bonne douzaine de fusiliers du Conseil. A vrai dire, ils étaient un peu là pour la forme, car ils étaient entourés de plusieurs dizaines de milliers d’hermices en armure de combat. Les deux représentants de l’Alliance gagnèrent les quartiers royaux du vaisseau, où ils devaient rencontrer l’envoyer de l’empereur Hermice. Les formalités protocolaires passées, les trois diplomates purent enfin passer aux discussions. Gomor se tourna vers Aengus, qui comprit à demi-mot. Le Shankar commença donc à parler.

« -On m’a récemment dit que vous étiez un homme direct, prince. Je ferai donc de même, et ferai court. Il y a de cela plusieurs jours, la Suprématie Krim a attaqué et détruit un convoi de vaisseau cargos et de corvettes du Cercle. C’est la première agression avérée de la Suprématie contre un empire de l’Alliance. Le Cercle a donc naturellement demandé au Conseil des Régents un droit de riposte. Pour des raisons qu’il ne sert à rien de détailler mais que je trouve moi-même peu probantes, ou s’appuyant sur des lois commençant à dater, le Cercle n’a pas pu disposer de la marge de manœuvre qu’il espérait. Ce n’est pas pour autant que nous sommes restés inactifs, et nous avons déjà des opérations en cours. Je n’en dirai pas plus sur le sujet. Toujours est-il que le Cercle Shankari pense qu’il est temps de s’opposer de manière plus vigoureuse aux actions de la Suprématie, et cette dernière est votre ennemi depuis maintenant plusieurs décennies. Le Cercle Shankari et l’Empire Hermice disposent quasiment de frontières communes, et nos deux nations se trouveront dans le viseur de la Suprématie si cette dernière décide de s’étendre brusquement. »

Aengus fit une pause, laissant le temps au prince d’assimiler les informations et la situation. Cela lui laissait également le temps de réfléchir, ce qui ne manquerait pas de lui donner un sentiment de puissance. Aengus le savait, mais la diplomatie était un vaste jeu d’échec, où il fallait anticiper les déplacements de l’adversaire plusieurs tours à l’avance. Aengus avait beau dire qu’il serait direct, tant qu’il ne donnait pas parole, il ne s’engageait moralement à rien. Une des règles de base de la diplomatie : tant que rien n’est officiel, rien n’est crédible. Et encore, pensa Aengus, même quand c’est officiel…

« -Ainsi donc, l’Alliance a décidé de chercher du côté de l’Empire Hermice un éventuel allié contre la Suprématie Krim. Un des facteurs décisifs est que vous avez, on ne peut le contester, une expérience beaucoup plus importante dans la guerre contre ces derniers. Voilà donc où nous en sommes, prince. »

Aengus n’avait pas besoin d’en dire plus. Exposer de suite ses arguments n’était pas intéressant. Il préférait d’abord entendre ce que Gomor avait à rajouter, ou le prince à répondre, avant de reprendre la parole. Laisser l’adversaire dévoiler ses cartes, et abattre ensuite son jeu. Une autre règle de la diplomatie : toujours pouvoir riposter.

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Le Prince Tarasque abordé un large sourire, mais les deux représentants de l'Alliance ne pouvaient voir devant eux qu'une coquille métallique sans émotion. Resta un moment silencieux avant de faire à nouveau résonner sa voix métallique.

« Nous nous demandions quand l'Alliance allait venir réclamer notre aide. Enfin vous réalisez la menace Krim. Dommage qu'il ait fallut pour cela la destruction de tout un convois des votre. »

L'imposante armure du Prince posa ses coudes sur le magnifique bureau de marbre, observé dans son dos par son illustre ancêtre peint dans sa gloire pour l'éternité.

« Vous avez bien fait de venir. Les Krims représentent une menace très important, qui dépasse l'entendement.
Je ne parle pas seulement en terme de nombre, bien que les Krims soient déjà plusieurs dizaines de milliards et qu'ils se reproduisent rapidement, je parle aussi en terme technologique. Leur technologie n'est pas vraiment plus avancée ou plus performante que la notre, elle est juste différente. Mais cette différence est importante. Primordiale même. Si vous voulez les battre et éviter des pertes inutiles il faut connaître ses différences avant d'aller les affronter.
J'ignore ce que sont vos « opérations en cours », mais si vos soldats et navires sont équipés d'armes standard il ne feront pas le poids. Surtout face à un croiseur que nous appelons le Classe Contagion.
Les Krims ne prennent même pas la peine de nommer leurs navires, il faut bien le faire à leur place. »

Il resta un instant silencieux. Lusirus se doutait bien qu'il allait poursuivre en exposant les revendications de l'Empire, il n'allait pas les aider gratuitement.

« Vous êtes de brillants diplomates messieurs, vous savez bien évidemment ce que l'Empire vous demandera en échange de son aide.
L'arrêt de tout boycotte sur ses entreprises et le droit d'annexion de toutes planètes vierges dans les alentours de son espace. »

Il faudra déterminer ce qu'ils entendent par « planète vierge » se dit Lusirus.

« Nous voulons aussi que l'Alliance cesse de venir fouiner constamment dans nos affaires. Comme pour l'invasion d'Amanite qui ne regarde que nous.
- C'est le rôle de l'Alliance de veillez aux affaires de l'univers, vous ne pouvez pas demander qu'elle aille à l'encontre de ce pourquoi elle existe. » ne pu se retenir de dire l'Ambassadeur de Gotha.

« Alors vous ne pouvez pas nous demander notre aide. C'est vous qui venez frapper à notre porte, ne comptez pas qu'on vous fasse des concessions.
- Vous aussi vous avez besoin de l'Alliance. Nous avons la main mise sur tous les marchés économiques. L'Empire ne pourra se développer sans l'Alliance. Vous n'êtes pas tout puissant Prince, arrêtez de croire que l'Alliance n'a aucun pouvoir sur votre Empire. »

Un nouveau silence s'imposa, seulement dérangé par le piaillement des oiseaux.

« Nous ne sommes pas idiots Colonel. Nous connaissons le pouvoir de l'Alliance justement et nous savons que le Cercle Shankar ou même le Drall que vous représentez, seraient capables de mener une guerre face aux Krims.
Si vous venez nous demander notre aide c'est seulement pour maintenir votre semblant de sacro-sainte Paix. Vous avez les mains liées par, comme le dit si justement monsieur le Diplomate Aengus, des lois qui commencent à dater.
Sans l'Empire Hermice, vous allez plonger l'Alliance dans une grande guerre. Elle connaîtra peut être la victoire au bout du chemin, mais elle aura subit d'immense perte.
Si nous vous aidons nous voulons un statut d'intouchable. L'Alliance ne pourra nous reprocher quoi que ce soit.
- C'est une chose impossible que vous demandez là Prince Tarasque. L'Alliance ne peut pas fermer les yeux. Si vous nous aidez vous serez bien évidemment considérés comme des alliés et l'Alliance s'accordera pour continuer d'avoir de bonnes relations avec vous, mais elle ne pourra pas fermer les yeux sur votre expansion.
C'est vrai, nous avons besoin de vous. Pour autant vous ne pouvez pas tout avoir, nous sommes justement ici pour discuter, pour négocier.
Je vous le dis, l'Alliance ne pourra fermer les yeux en aucune manière. »

Le Prince se remit dans le fond de son luxueux fauteuil en croisant les mains près de son menton, ou du moins, du menton de son armure, la tête de l'Hermice se trouvant au niveau du sternum de sa coquille de métal.
Après un long silence de réflexion il reprit.

« Très bien. Je comprends que nous ne pouvons avoir l'immunité diplomatique.
J'ai donc une autre proposition. Vous savez oh combien la guerre est importante dans notre culture. Nous vivons pour la bataille. Tyr est l'une des plus importantes planètes productrices d'armes de l'univers.
Si nous vous aidons contre les Krims nous allons devoir nécessairement vous dévoiler une partie de notre savoir faire. »

Il fit une pause. Lusirus ne comprenait pas où le Prince voulait en venir.

« Vous savez, j'ai toujours été fasciné par la qualité de l'armement Shankar. Sauf votre respect Colonel, l'arsenal du Drall n'est pas mal non plus, mais j'ai ma préférence pour celui du Cercle.
Voici donc mon offre pour obtenir l'aide de l'Empire :
Une levée du boycotte de nos entreprises par l'Alliance et une interdiction d'un tel procédé sur les 50 prochaines années. La légation des planètes Krims conquises par l'Empire Hermice et l'autorisation de les coloniser ainsi que la priorité sur la collecte et l'étude de toutes leurs technologies. Et pour finir, le Cercle devra nous céder l'un de ses magnifiques Croiseurs de Combat, je ne sais plus comment vous les appelez dans votre langue.
Mon offre et à prendre ou à laisser. »

Lusirus lança un regard au diplomate.

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« -Dans ce cas, Prince, désolé, mais ça sera clairement à laisser. »

La réponse d’Aengus ne s’était pas fait attendre. Le diplomate avait à peine eu à réfléchir pour la donner, et il savait pertinemment, que c’était la seule chose qu’il pouvait répondre à ça. Gomor tourna vers lui les yeux surpris, tandis que derrière son armure, le Prince devait attendre des explications.

« -Les deux premières revendications auraient pu passer, Prince. Bien que lever les différents embargos pesant sur l’Empire ne dépende pas directement de nous, cela pourrait s’avérer avantageux, aussi bien pour vous que pour l’Alliance, en ouvrant un nouveau marché économique. Concernant les Krims, je dirais simplement qu’il pourrait bien y en avoir assez pour tout le monde. Assez de vaisseaux et de planètes pour étudier leur technologie sans empiéter sur les recherches du voisin. A vrai dire, je pense que les planètes ne nous intéresseraient même pas : que les choses soient claires, pour l’Alliance, nous n’entendons pas parler d’invasions planétaires. Vous êtes libres de vos actes sur le territoire de la Suprématie, mais l’Alliance se contentera de destruction de vaisseaux. En revanche… Prince Tarasque, il y a un monde entre un échange de technologies, même militaires, et le don pur et simple d’un vaisseau. Nous ne vous livrerons tout simplement pas un Desoliae Salvis sur un plateau d’argent, et encore moins un Infernax. Vous voulez un croiseur Shankari ? Très bien, demandez à Fulgure, ils seront enchantés de vous en fournir, car ils auront enfin le prétexte dont ils avaient besoin pour concevoir un vaisseau de cette classe. Et je peux vous assurez que la qualité sera au rendez-vous. Mais vous n’aurez pas un vaisseau servant à l’heure actuelle dans la Flotte Coalisée. Certains alliés du Cercle, au sein de l’Alliance, ont déjà fait la même demande, et même pour eux, la réponse fut la même. Soyez conscient que ce n’est nullement une question de confiance, c’est juste une question de principe ; le Cercle ne fournira jamais à des puissances étrangères les éléments responsables de ses capacités défensives et offensives. A moins peut-être que le sort de l’univers en dépende directement, chose qui n’est pas le cas ici. Alors soit vous acceptez ce fait, soit vous pouvez nous montrer, ou au moins me montrer les chemins jusqu’au hangar. L’échec de ces discussions ne sera pas dommageable pour l’Alliance. Nous pouvons combattre les Krims seuls; peut-être pas aussi efficacement que vous dans les débuts, mais nous sommes capables de nous adapter. Et je vois mal les vaisseaux Krims, aussi différents qu’ils soient des nôtres, résister par exemple à un canon à plasma ou à obus cinétiques de prêt de dix kilomètres de long. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Le Cercle a en réserve bien d’autres armes. »

Aengus marqua une pause, fixant le Prince, ou du moins son armure. Il devait bien admettre que ne pas voir le visage de son interlocuteur le dérangeait quelque peu, car il était toujours intéressant de voir les émotions qui passaient sur le visage de chacun. Elles en disaient parfois plus que n’importe quel discours. Le prince ne dit rien. Visiblement, il attendait quelque chose de plus avant de se prononcer sur le refus d’Aengus.

« -Vous avez fait une proposition, je vous propose de se baser dessus. L’Atrium des ambassadeurs statuera sur la levée des embargos. Je ne garantis néanmoins rien sur ce sujet-là, car cela dépend de quelques centaines de personnes ; je sais que certaines personnes y seront favorables, d’autres s’y opposeront. Les planètes Krims, comme je disais, ne nous nous intéressent à priori pas. Vous parliez auparavant des planètes vierges. Si par vierges vous entendez dénuées de toute installation artificielle, ne serait-ce qu’une petite installation minière, venant de la planète même ou d’un empire planétaire, alors il ne devrait pas y avoir de problèmes. Le cosmos d’Oxus est grand. Chacun peut s’étendre dans la direction qu’il souhaite tant que cela ne se fait pas au détriment de populations locales, ou avec l’annexion par la force de planètes déjà colonisées. Mais si quelqu’un s’installe sur une planète avant vous, vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous-même, de ne pas avoir réagi assez vite. S’il compte y rester, livre à vous de cohabiter avec lui, mais l’en chasser pourrait rendre caduque tout accord que nous pourrions passer. A vous de voir Prince, mais vous ne verrez pas un vaisseau de classe Desoliae chez vous. Alors soit vous campez sur votre position, et dans ce cas nous repartons ; soit vous mettez de côté cette clause, et nous discutons de ce qui est envisageable. »

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Lusirus sentit la rage monter en lui, mais il parvint à ne rien laisser transparaître de ses sentiments.
Alors qu'ils étaient proche d'une entente le Shankar faisait faux bond pour une histoire d'orgueil.
Un croiseur n'était rien face à ce qu'attendait l'Alliance si une guerre venait à éclater entre elle et les Krims.
L'ambassadeur de Gotha redoutait la réaction du Prince, peut être allait-il tout simplement mettre un terme aux discussions, ou bien allait-il faire pire... après tout ils ne se trouvaient pas sur un navire allié...

« Je me doutais de votre réaction monsieur Aengus. » finit par répondre le Prince, toujours de sa voix métallisée à l'accent presque parfait.
« Dite moi si je me trompes mais, j'ai comme le sentiment, depuis le début de cette conversation, que vous ne portez pas l'Empire Hermice dans votre cœur monsieur le Diplomate. Je sens comme une pointe d'hostilité. Je suppose, connaissant le Colonel Gomor, que c'est lui qui vous a proposé, et qui a même peut être insisté, d'organiser cette rencontre.
Voyez vous, si nous en venons à un accord ce n'est pas seulement l'Alliance que nous allons aider. J'ai cru comprendre, encore une fois je vous demande de m'arrêter si j'ai mal comprit, la langue standard est parfois un peu compliquée à maîtriser pour mon peuple, mais d'après votre récit c'est pour le moment uniquement le Cercle Shankari qui s'est fait attaqué.
Si nous acceptons d'aider l'Alliance c'est principalement votre nation que nous allons aider à travers elle, notamment en apportant notre force militaire, notre savoir faire dans la guerre contre les krims et nos connaissances technologiques. Car je le répète, vos armes classiques n'arriveront à rien contre les Croiseurs Krims. Vous parlez d'obus de plusieurs kilomètres de long, certes ils fonctionneront contre leurs destroyers, mais contre leurs Croiseurs ils les traverseront de part en part comme dans du beurre sans aucun dégât. Vous comprendrez le jour où vous serez face à un classe Contagions. »

Le ton de la voix dessinait un sourire narquois que le visage métallique de l'armure.

« Quoi qu'il en soit, j'imagine que ce n'est pas avec l'Alliance que nous allons traiter mais bien avec le Cercle Shankari.
Si nous faisons des efforts pour vous aider dans ce conflit alors il faudra de votre côté faire quelques efforts. Vous comprenez ?
Si vous n'êtes pas prêt à faire les efforts qu'on vous demande alors vous pouvez quitter mon vaisseau. Je vous raccompagnerais en toute courtoisie. »

Lusirus lança à nouveau un regard vers le petit Shankar dont la pointe des pieds touchaient à peine le sol, la chaise hermice étant bien trop grande pour lui.
Les yeux du Tépès en disait long « ne fait pas de connerie Aengus ! Si nous n'avons pas l'aide des Hermices ça peut être la fin de l'Alliance ! ».

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Aengus sourit. Le Prince n’avait pas forcément tort.

« -Je dois bien admettre que vous avez quelque peu raison. L’ambassadeur du Cercle au sein de l’Alliance n’approuvait pas cette rencontre, mais pas à cause d’une quelconque hostilité vis-à-vis de l’Empire ; mais plutôt à cause du fait qu’il pensait que l’Alliance devait intervenir seule. Je suis, bien que moins catégorique que lui, quelque peu d’accord : je suis donc plus sceptique par rapport à cette rencontre que par rapport à l’Empire, mais je reste néanmoins ouverts aux avantages que les deux partis pourraient en tirer… D’ailleurs, en parlant des relations entre le Cercle et l’Empire… Il est vrai que depuis que nous faisons partie de l’Alliance, nous avons majoritairement tourné notre diplomatie vers les empires également membres ; bien que nous soyons en très bons termes avec des indépendants. Mais bizarrement, bien que l’Empire soit un proche voisin du Cercle, il est vrai que nous n’avons jamais eu de relations très développées. Pour autant, à ce que je sache, il n’y a jamais eu d’incidents diplomatiques conséquents entre nos deux peuples. Il est aussi vrai que le Cercle est le premier concerné par cette affaire. Un échange de technologies dans le cadre d’un accord, je pense que c’est tout à fait envisageable, la Flotte du Cercle est prête à combattre aux côtés de celle de l’Empire en cas de besoin, mais nous nous ne vous offrirons pas les clefs de notre défense. Alors oui, nous sommes prêts à faire des efforts, mais cela ne doit pas se faire dans un seul sens. J’ai bien conscience que c’est nous qui sommes venus vous voir, mais personne ici n’est réellement en position de force. Sans vouloir vous offenser, Prince, l’Empire ne peut se permettre de forcer l’Alliance à lui accorder quelque chose qu’elle ne veut pas. Si vous tenez à relancer votre économie, cela ne peut que passer par la fin des embargos de l’Alliance. »

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La fureur de Lusirus s’apaisa. C'était le moment d'intervenir pour proposer une association.

« Il sera donc avantageux de conclure une alliance entre le Cercle Shankari et l'Empire Hermice et comme l'a précisé le Prince, les efforts d'entraide doivent aller dans les deux sens.
Je pense que l'Alliance pourra lever le boycott des entreprises Hermice et que le Conseil accordera à l'Empire un protectorat durable sur les planètes libérées du joug Krim.
Pour ce qui est de l'étude des technologies de la Suprématie je ne suis pas sur que l'Alliance vous accorde le monopole. Je ne vois pas nos forces armées vous envoyer les technologies qu'elles pourraient capturer.
- Nous sommes là pour négocier Colonel, alors négocions.
Si vous nous accordez ce que vous venez de dire l'Empire pourra faire un geste pour le Cercle en lui laissant accéder à notre base de recherche sur les Krims.
Si le Cercle est prêt à faire un geste en retour nous pourrions même leur donner accès à notre technologie pour combattre la Suprématie.
Par exemple, si les Shankar étaient prêt à nous montrer leur générateur Fulguria, nos scientifiques pourraient aider le cercle à placer sur leurs navires des armes capablent de combattre efficacement les Krims. »

A nouveau Lusirus lança un regard à Aengus.

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Aengus réfléchit rapidement. Depuis le temps, les générateurs Fulguria étaient au point, et les grands constructeurs privés du Cercle disposaient des plans pour en construire. Ils équipaient bon nombre de vaisseaux civils, tels que ceux de Fulgure. Même si les toutes dernières générations des générateurs restaient assez secrètes et réservées aux vaisseaux capitaux de la Flotte Coalisée, le principe de fonctionnement l’était moins. Et puis, les chercheurs du Cercle se concentraient à présent sur les Tempus Fugit, successeurs encore incertains des Fulguria. Alors, si cela pouvait débloquer la situation, pourquoi pas. Le diplomate se contenta d’hocher la tête.

« -Cela me semble acceptable. Je ne pense pas que la Régence s’opposera à cette requête. Néanmoins je ne sais pas s’ils vous fourniront un générateur entier, ou bien affrèteront un vaisseau équipé d’un Fulguria pour que vous puissiez l’examiner. Avez-vous d’autres suggestions à formuler ? Sinon, Prince, j’aimerais m’entretenir avec les autorités du Cercle, afin de m’assurer que nous ne scellons pas un accord que je ne pourrais honorer. Peut-être que l’ambassadeur Gomor souhaite en faire autant.»

Accessoirement, le diplomate comptait bien se renseigner sur les découvertes du Cercle, pour peut-être avoir un nouvel élément dans son jeu. Avec un peu de chance, la Vengeance aurait entretemps récupérer quelques informations utiles. Cela restait malgré tout peu probable, puisque qu’il ne s’était passé que peu de temps depuis son dernier contact avec l’Amirauté, et le temps que la Sixième Flotte manœuvre et transmettre les informations…

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Les traits flétris du visage de l'Ambassadeur Tépès se détendit.

« Vous avez raison monsieur Aengus, entretenons nous avec notre hierarchie. Je suis heureux qu'on en vienne à un accord.
- Moi de même Colonel, cette association ne pourra être que bénéfique à nos deux peuples. »

Lusirus se leva de sa chaise.

« Bien, nous allons nous retirer dans nos appartement sur mon vaisseau le temps de communiquer avec Ataraxie et le haut commandement du Cercle.
- Faite donc Colonel. Lorsque vous en aurez finit vous n'aurez qu'à faire signe à l'un de mes hommes qui restera au pied de votre vaisseau. »

Le Prince se leva à son tour et raccompagna l'ambassadeur colonel et le diplomate jusqu'à la porte de ses quartiers privées avant de les remettre à ses soldats qui à leur tour les raccompagnèrent à la navette Luxuria de Lusirus Gomor.

Cette fois ils prirent un chemin plus court, il n'était plus question de visite guidée de l'impressionnant navire Hermice. A nouveau entourés de soldats qui ne parlaient pas la langue standard, Lusirus se tourna vers son compagnon.

« Vous avez bien failli faire tout capoter Aengus. Vous ne vous rendez pas compte que cette association est vitale pour l'Alliance. Une guerre contre les krims serait désastreuse.
Je veux bien comprendre que remettre un croiseur ce n'est pas rien, mais il faut parfois savoir faire des efforts, j'ai bien cru que le Prince allait nous mettre à la porte. Je peux vous dire que je n'aurais plus soutenu le Cercle au Conseil des Régents. »

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Aengus ne réagit pas. Ne jamais montrer des signes de désaccord devant l’adversaire. Il attendit donc d’être dans la navette, et une fois que celle-ci eut décollée, il se tourna vers le représentant du Drall.

« -Ambassadeur Gomor… Dois-je vous mettre sous les yeux une carte du cosmos ? Sauf votre respect, c’est le Cercle qui a le plus à perdre dans cette histoire, c’est nous qui sommes le plus exposé face à la Suprématie. Le Drall se trouve de l’autre côté d’Oxus, relativement à l’abri. Si la Suprématie décide de s’attaquer à l’Alliance, c’est nous qui serons en première ligne, aussi avons-nous tout intérêt à trouver des appuis. L’Empire ne faisait pas à la base pas parti de nos plans, mais les choses peuvent changer. La politique du Cercle est claire ; nous ne livrerons pas les vaisseaux coalisés, c’est aussi simple que ça. Et vous pensez sérieusement que le Prince allait nous mettre à la porte ? Faîtes le calcul, bon sang ! D’un côté on accepte de lever un boycott, de l’autre on refuse de livrer un croiseur de quelques dizaines de milliards de crédits. Où est-ce que l’Empire a le plus à gagner ? Des dizaines de milliards de crédits, c’est bien moins que ce qu’il pourrait gagner en moins d’une année avec la fin des embargos. Vous croyez que pour un vaisseau, il se résignerait à laisser tomber les possibilités qu’on lui offrait ? Je ne crois pas qu’une personne censé ferait ça. »

Une fois à bord du vaisseau du Drall, Aengus reprit rapidement sa navette qui l’attendait, et retourna à bord du Luminae Pax. Le vaisseau diplomatique du Cercle flottait, placide, à côté de l’imposant croiseur de l’Empire. A son arrivée dans le hangar à navettes, deux fusiliers de la Flotte vinrent se placer devant lui.

« -Ambassadeur, je vais vous demander de nous remettre tout appareil électronique que vous portez sur vous. »

Aengus s’exécuta sans poser de questions. Le protocole de sécurité du Cercle était draconien après de telles rencontres, et depuis un incident, on ne rigolait pas sur le piratage, l’espionnage, et autres tentatives d’écoutes. Il tendit au premier soldat l’unité de communication attachée à son poignet, et leva les bras. Le deuxième s’approcha, et passa avec application un détecteur électromagnétique le long du corps du diplomate, avant de faire la même chose avec un léger générateur d’impulsion EM.

« -C’est fait, ambassadeur. Rien à signaler.
-Merci, lieutenant.
-Ambassadeur, je vous transmets également un message du capitaine. Conférence dans vingt minutes. Et voilà votre nouvelle unité de communication. »

Aengus prit congé des deux fusiliers, et remonta dans ses quartiers pour se rafraichir le visage, puis rejoint la salle de conférence. Les visages d’Arnor, Ankalio, Alktas et Hynta apparurent devant lui. Le représentant de Dilawa, le Régent du Cerckle, le commandant suprême de la Flotte et l’amiral à la tête de la Sixième Flotte, soit un sacré panel de personnalité.

« -Ambassadeur Aengus, quelles sont les nouvelles ?
-Plutôt bonnes, Régent.
-Allez droit au but, que veulent-ils en échange de leur appui ?
-D’abord, la fin des embargos.
-Quelqu’un ici présent y verrait-il un inconvénient ? »

Personne ne releva les dernières du Régent. Même s’ils étaient en comité restreint, ils représentaient les plus puissants du Cercle, et aussi bien la diplomatie que la force militaire. Depuis quelques temps,

« -Je pense donc qu’en ce qui concerne le Cercle, ceci sera acceptable. La suite ?
-Ils veulent les planètes de la Suprématie qui tomberaient.
-S’ils y tiennent, fit Alktas en haussant les épaules, nous n’aurons rien à y faire de durable. Un petit passage suffira pour voir comment c’est.
-Très bien. Point suivant ?
-Là, ça nous concerne un peu plus, Régent. A la base, ils voulaient un Desoliae.
-Hors de question.
-C’est ce que j’ai répondu. Maintenant, ils veulent un Fulguria.
-Un générateur à distorsion ?
-Tout à fait.
-Haut-amiral Alktas ?
-Eh bien… Cette technologie n’est plus uniquement utilisée par la flotte, elle est presque passée dans le domaine public. Seules les dernières évolutions sont réservées à la flotte. Et les Tempus Fugit commencent à montrer des signes encourageants.
-La question que je me posais, Haut-amiral, c’est si nous allons leur prêter ou leur donner quelque chose. Et si c’est chose est un générateur ou un vaisseau tout entier.
-Pourquoi pas un vaisseau Fulgure ?
-C’est-à-dire ?
-Envoyons un vaisseau Fulgure avec un générateur et les plans à bord. Une de leurs frégates de transport, là…
-Cyclope ?
-C’est ça. Et autorisons les Hermices à monter à bord pour les étudier.
-Avant tout, qu’y gagne-t-on, dans ce marché ?
-Un accès à leurs bases de données sur les Krims, et des conseils pour l’armement.
-Rien qui ne concerne une aide militaire directe ?
-Pas pour le moment, Régent.
-Très bien. Quelqu’un voit-il une objection à formuler ? »

Une nouvelle fois, personne ne releva. Le Régent fit un rapide tour de table, avant de se redresser dans son fauteuil.

« -Messieurs, si vous êtes là, c’est que vous faîtes parti des personnalités les plus influentes du Cercle. Vous savez que nous nous engageons sur une nouvelle voie, bien différente de nos classiques. Néanmoins, cela est dû aux limites de l’Alliance.
-Justement, il serait bon de réfléchir à ces limites…
-Plus tard, d’Arnor, pour le moment, ce n’est pas notre priorité. Ce qui nous intéresse, ce sont les actions imminentes de la Suprématie. D’un seul coup, tout s’est emballé, et nous n’avons jamais aussi proche de la guerre. La moindre attaque, la moindre escarmouche peut mettre le feu aux poudres, et plonger des centaines de vaisseaux dans la bataille.
-Après tout, peut-être que la solution Hermice n’est pas la pire.
-En effet. Toujours est-il qu’il nous faudra porter sur nos épaules les conséquences de nos actes, quelles qu’elles soient. Nous devrons assumer le choix du chemin sur lequel nous engageons le Cercle.
-La Flotte Coalisée Shankari sera prête au combat.
-Je n’en doute pas Alktas, je n’en doute pas. Mais plusieurs dizaines de milliards de Shankars voudront des comptes.
-Sauf votre respect Régent, il est encore trop tôt pour parler de guerre.
-Ce que je veux dire Aengus, c’est qu’il faudra faire attention. Le Cercle a voulu se venger de cette attaque. Le Cercle se vengera. Mais pour autant, le Cercle ne veut surement pas d’une guerre totale contre la Suprématie. Pas parce que nous ne le pouvons pas, mais parce que notre volonté reste malgré tout de préserver la paix.»

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